Extrait du journal
jetant un regard pénétrant sur le brun visage de Norah, et cherchant à lire sur sa physio nomie abattue... Vous êtes de nature énig matique, vous... Parlez-moi de Madeleine, avec tous ses instincts de perversité 1... au moins voit-on clair en elle... mais chez vous il fait nuit toujours...» Les heu res de l’après-midi s’écoulèren t sans que Madeleine eût mis le pied hors de sa cliambre. On n’entendait aucun bruit de pas sur les escaliers; aucune langue indiscrète , ne babillait, de ça ou de là, des greniers aux cuisines: la maison, enfin, ne se ressemblait plus, maintenant que tout à coup en avait dis paru l’élément perturbateur qui sans cesse portait atteinte à la sérénité de la vie de fa mille. Curieuse de vérifier par ses propres , yeux la réalité d’une transformation à la,quelle,.sans cela, l’expérience du passé l’eût ’ empêchée de croire, miss Garth monta dans la chambre de Madeleine, frappa deux fois à la porte, ne reçut pas de réponse, poussa le bat- • tant, et jeta un regard dans cette pièce muette. Madeleine y était assise, devant la psyché, les cheveux epandus sur ses épaules, absor bée dans l’étude de son manuscrit, et, jus qu’à ce que l’heure du dîner vînt à sonner, confortablement roulée dans son peignoir. Et derrière elle se tenait, également assise, sa femme de chambre, promenant lentement le peigne parmi les longues boucles pesantes qui ornaient la tête de sa jeune maîtresse, avec la résignation assoupie d’une pauvre créature qui s’employait à cela depuis déjà plusieurs heures. Le soleil brillait, et l’on avait baissé . les vertes jalousies placées à l’extérieur de la fenêtre; de vagues et douces lueurs pla naient sur ces deux figures tranquillement assises; ces lueurs éclairaient le petit lit blanc, dont les rideaux étaient soutenus par des rubans d’un vert tendre, et la toilette préparée pour le dîner, qu’on avait jetée sur ce lit ; elles éclairaient aussi la baignoire, aux couleurs gaies, et son extérieur d’email blanc ; la table de toilette et ses reluisants accessoires, ses flacons à facettes, sa clochette d’argent, dont un amour formait la poignée : bref, cette mul titude de menues superfluités qui ornent comme un autel la chambre à coucher d’une...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - garth
- vanstone
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