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Le Temps, 26 septembre 1868

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Le Temps
26 septembre 1868


Extrait du journal

camarade, appela sur lui toute l’attention du tribunal. Il me fallut déclinoî mes noms et indiquer ma demeure ; immédiatement après, l’hono rable tribunal envoya dans notre mansarde quelques limiers de police qui mirent sens dessus dessous les tiroirs de nos commodes. Il paraît que Tordre qui régnait dans mon linge et dans m'es papiers me fit bientôt re connaître comme un homme fort peu sus pect, et occupé de toute autre chose que de conspirations. Je fus sur-le-champ remis en liberté. Quant à mon pauvre ami, on saisit ses papiers, ses livres et tous les manuscrits que Ton trouva chez lui, et le très haut et très puissant tribunal ordonna qu’il fût mené sous bonne escorte dans une prison d’Etat. Je ne le revis qu’une seule fois, quand je fus appelé à déposer contre lui. Quoique le bai ser ravi à Nieschen m’eût profondément in digné, sa position m’inspira tant de pitié, que je résolus d’atténuer ses torts et de con tribuer de tout mon pouvoir à mettre en re lief ses bonnes qualités, afin d’obienir son acquittement. C’est pourquoi je ne fis aucune mention du baiser, et je m’efforçai de faire ressortir ses nobles intentions, c’est-à-dire son projet d’amener en faveur des pauvres un partage égal de tous les biens. A mon grand étonnement, je vis que mes appréciations n’étaient pas partagées par le tribunal: elles produisaient un effet con traire à celui que j’attendais, et, à mon très grand regret, contribuèrent probablement à sa perte. Mais ce qui me surprit plus encore, c’est qu’une lettre qu’il avait écrite à un de ses amis m’avait été d’une grande utilité, et avait amené ma prompte délivrance. Dans cette lettre se trouvait ce passage : « Je ne compte pas sur Joseph, c’est uii niais qui ne comprend pas l’idée fondamentale de notre doctrine ; n’a-t-il pas la prétention de se marier, et de vouloir garder sa femme pour lui seul! » 1 Mon arrestation et ma délivrance me firent faire de singulières réflexions sur l’institution de la police. Plus je pensais à celte aventure, F lus je sentais croître mes incertitudes sur équité de ses mesures. Heureusement pour moi, une parole de mon oncle le curé, que je me rappelai, mo tira de ces méditations : — il n’est pas bon, Joseph, me disait-il souvent, de vouloir scruter les choses qui sont au dessus de la raison humaine. Je ne me-préoccupai plus de comprendre la justice et la sagesse de la police, et je re tournai à la foi aveugle, de mes jeunes an nées, où un habit de gendarme m’imposait toujours. Seulement je pris pour règle de con duite d’éviter toute occasion de renouveler connaissance avec la police. Le jour où je recouvrai ma liberté, je n’eus rien de plus pressé que de courir au magasin de Nieschen. Je la troûvai sur le seuil de la porte, les yeux rouges à force de pleurer ; car son pa tron l’avait sévèrement grondée. U la consi...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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