Extrait du journal

Les négociations anglo-irlandaises ont abouti à un accord dont an se félicite chaleureusement et à Londres et à Dublin. M. Neville Chamberlain et M. de Valera ont procédé, hier aprèsmidi, à la signature d'une convention qui règle en fait les principaux problèmes financiers et économiques qui se posaient entre les deux pays depuis que le gouvernement de Dublin avait suspendu le versement des annuités foncières dues à l'Angleterre pour la liquidation du rachat des terres au profit des paysans irlandais. Le cabinet de Londres avait riposté alors à cette décision, on le sait, par des mesures douanières qui paralysèrent sérieusement l'activité économique de l'Etat libre de l'Irlande du Sud. Depuis cette époque on avait essayé en vain, à différentes reprises, de procéder à un règlement satisfaisant pour les deux parties. Les pourparlers ne purent aboutir parce que les problèmes purement financiers et économiques se compliquaient de questions politiques extrêmement délicates, comme celle, nôtàmment, de la participation effective de l'Irlande à la défense impériale en cas-de guerre et celle de l'unité irlandaise par l'union des comtés du Nord avec l'Irlande du Sud. Lorsque fut mise en vigueur, au mois de décembre dernier, la nouvelle Constitution votée par la Dail Eireann au mois de juin 1937, confirmée par voie de plébiscite un mois plus tard, en vertu de laquelle l'ancien Etat libre prenait officiellement la dénomination de Eire, en revendiquant comme territoire national éventuel la totalité de la terre irlandaise avec ses îles et ses mers, le gouvernement britannique fit connaître que l'adoption du nom de Eire et les autres articles de la nouvelle charte constitutionnelle ne pouvaient impliquer, à son sens, un droit territorial ou un droit de juridiction sur les territoires faisant partie du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, et qu'ils ne pouvaient affecter en quoi que ce soit la position de l'Irlande du Nord. Il n'en était pas moins vrai que la nouvelle Constitution confirmait l'indépendance absolue de l'Eire ; mais on pouvait entendre pourtant que l'Irlande indépendante continuait à faire partie de la communauté britannique, l'article 29 de la loi fondamentale admettant que la politique extérieure du gouvernement devait être établie d'accord avec le groupe d'Etats auxquels l'Irlande est associée....