Extrait du journal

Ainsi que le Temps l'a annoncé, les laborieuses négociations de Rio-de-Janeiro ont abouti définitivement à un accord dont les termes ont été approuvés à l'unanimité en séance plénière de la conférence des ministres des affairés étrangères des vingt et un Etats du groupe panaméricain. Il a fallu s'y prendre à deux fois pour réaliser cet accord, le premier texte, après une acceptation ' de .principe én commission restreinte, ayant soulevé des objections de la part des gouvernements de l'Argentine et du Chili. Ces disputes sur les mots, alors qu'il ^'agissait de confirmer la déclaration par laquelle la convention de La Havane du 30 juillet 194d a stipulé que les républiques américaines considèrent tout acte d'agression contre l'une d'elles par un Etat non américain comme constituant une agression contre tous les Etats des Amériques, ne manquent d'ailleurs pas d'un certain intérêt, en ce sens qu'elles précisent des nuances importantes, de la part de quelques gouvernements, dans l'interprétation des obligations contractées en vertu de la convention de La Havane. Le premier texte celui qui a dû être remanié à la suite d'objections de la part de l'Argentine et du Chili portait que les républiques américaines « déclarent que, dans l'exercice de leurs droits .souverains, en conformité avec leurs institutions constitutionnelles et leurs pouvoirs, pourvu que ceux-ci soient d'accord, elles ne peuvent continuer les relations diplomatiques avec le Japon,l'Allemagne et l'Italie, puisque le Japon a attaqué une nation du continent et que les autres lui' ont déclaré la guerre ». Les. mots que nous.avions soulignés impliquaient déjà, ainsi que nous l'avons dit, une réserve très nette, puisqu'ils laissaient aux gouvernements et aux parlements intéressés, le droit de décider en dernier ressort.. , En réalité, c'est cette réserve qui se trouve accentuée dans le texte définitivement adopté, lequel stipule que « les républiques, suivant les procédures qui leur sont propres et tenant compte de leur position particulière dans le conflit actuel, recommandent la rupture des relations diplomatiques avec le Japon, l'Allemagne et l'Italie... ». La « recommandation » est faite à l'unanimité, y compris l'Argentine et le 'Chili, mais le droit de libre décision de 'chacun, suivant ses procédures propres et sa position particulière dans le conflit, demeure entier, ce qui est conforme à l'ordre constitutionnel et parlementaire de chaque Etat. Au surplus, les 1 arguments politiques des deux textes - rappel de la déclaration de La Havane quant au caractère d'une agression par un Etat non américain, réaffirmation dé la complète solidarité . interaméricaine pour opérer conjointement la protection mutuelle, et engagemént de se consulter de nouveau avant de rétablir les relations diplomatiques avec le Japon, l'Allemagne et l'Italie - restent les mêmes....