Extrait du journal

le il aviserait. Bien qu'il eût toujours vécu dans l'aisance, mon ami n'était pas riche. En considérant avec calme la hauteur de sa tâche, il la vit sans terreur se dresser, grave et impérieuse elle absorberait et dépasse rait peut-être lasommedetempsetd'argeat qu'il avait jusque-là consacrée aux piaisirs, aux voyages. I! était encore temps de s'en retirer, sans y laisser une parcelle de son honneur, et même avec les louanges du monde, si l'aventure était connue. Sans plus d'hésitation, mon ami s'attacha au bien pour lui-même, et non en vue des louanges et de l'admiration, et même au risque d'être méconnu, calomnié, de se voir fermer les portes des maisons où sa qualité de jeune homme pourvu de huit mille francs de rente honnêtement acquis, lui avaient assuré jusque-là un honnête accueil. Il prit l'enfant .chez lui, le traita comme son fils, remplit scrupuleusement les formalités légales de l'adoption, sans en instruire personne, et vivant d'ailleurs à sa guise. Le monde trouva cette conduite basse, inconvenante, et prédit en masse une fin déplorable au jeune homme qui affichait, avec cette effronterie, le fruit de son inconduite. » Heureusement, ces vilenies n'atteignirent' pas mon ami dans ses intérêts, attem.iu qu'il n'était ni employé d'administration, ni attaché à aucun de ces postes dont la conservation dépend de l'influeuce d'une coterie, du caprice d'un chef, de l'humeur des faux dévots. Après avoir beaucoup regardé autour de lui, il avait fini par s'associer avec un commissionnaire en laines, et, sous le rapport des bénéfices, il s'en félicitait tous les jours; prenant d'ailleurs un curieux plaisir a laisser durer sur son compte l'erreur injurieuse de la société qui l'accusait. Je ne nie pas qu'il n'y aitquelqueorgueitacela, et j'achève. Mon ami est l'homme^ le plus heureux que je connaisse. Il faut l'entendre parler de son protégé. Un jour, il m'a dit: a En l'aimant si fort, je ne fais que payer ma dette je lui dois tout; sans lui, je n'aurais pas cherché, ni fini par trouver un état sérieux et libre qui m'a fait je...