Extrait du journal

Sur le front britannique {De notre envoyé spécial) 26 juin. Dans son récent discours, M. Lloyd George lais sait prévoir que l’armée britannique serait at-taI quée à très bref délai. Ici même, on attendait hier matin cette attaque, mais les Allemands n’ont pas bougé. Chacun s’évertue à chercher les raisons de leur abstention, qui sont peut-être tout simple ment que leur préparation n’est pas achevée ou bien que l’offensive se fera ailleurs. Entre autres explications, voici celles qu’on propose. Les uns pensent qu’il faut, peut-être, attribuer .l’abstention dé l’ennemi à la violence des vents d’ouest qui règdent eu permanence et les empêchent d’émettre les • gaz, précurseurs de toutes leurs offensives. D’autres supposent que la victoire italienne y est pour quelque chose. Enfin, s’il faut s’en rappor ter aux déclarations des prisonniers capturés ces jours derniers, la maladie dont j’ai parlé dans ma dernière correspondance mettrait sur le flanc un grand nombre d’hommes. Il résulte, en effet, de renseignements concordants que dette épidémie sévit avec une assez grande violence parmi les trôùpes des 4° et 6“ armées ennemies. Elle a pour signes caractéristiques une fièvre très élevée ét des .évanouissements prolongés. Sa durée varie entre sept et dix jours et les médecins allemands ia qualifient de « grippe des Flandres », Au dire des prisonniers, on a évacué sur l’Allemagne tous les.malades, dont la température dépassait 40“ 5. Plusieurs divisions auraient été complètement immobilisées de ce fait. • - En attendant, pour-donner le'change sur leurs intentions, le commandement use de tous les stra tagèmes possibles. Vers le soir, un peu partout, il. fait .allumer de grands feux, afin d’amener les aviateurs alliés à croire qu’ils ont sous les yeux, des bivouacs et, par conséquent, de grosses con centrations de troupes. De môme, les conducteurs de véhicules ont reçu l’ordre de faire au cours de leurs déplacements, le plus possible de poussière, afin de provoquer l’Impression que do grosses masses sont en mouvement. Ailleurs, il fait faire à divers corps des marches et des contre-marches,dans l’unique but de tromper les alliés. Un officier, énumérant dans son carnet les diverses ruses em ployées,, note que sa division pratique en grand ce genre de camouflage pour donner le change « pen dant que les autres exécuteront une grande offen sive, peut-être du côté d’Ypros ». Une vérité que les Allemands ne peuvent pas dissimuler, c’est que, depuis quelques semaines, l’aviation alliée leur cause des dommages de jour on jour plus sensibles. Des prisonniers de la garde, capturés au nord do Fampoux, déclarent, par exemple, qu’à l’arrivée de leur division en France, on a-dû débarquer à deux heures de mar che de Valenciennes, en rase campagne, et qu’elle a fait le reste du trajet à pied. Selon eux, les ■trains ne circulent plus. A Valenciennes même, la...