Extrait du journal

Les nouvelles de la Corse continuent à être des plus satisfaisantes; la défaite du parti bonapartiste va s'accentuant de plus en plus; elle est devenue une véritable déroute. Le prince Napoléon disparaît de la scène: menacé de voir son élection invalidée, alors que ses amis lui avaient promis la présidence du conseil général,. il a donné sa démission et part pour l'Italie emportant, dans toute la fleur de sa virginité, le discours-manifeste qui devait immédiatement suivre soa, installation au bureau. On verra, dans nos correspondances d'Ajaccio, avec quelle audace MM. Gavini et Conti, les grands meneurs de la campagne impérialiste, avaient levé le masque contre le gouvernement actuel et contre l'Assemblée nationale, et tout ce que la violence de leur langage trahissait d'espérances secrètes sur le concours de la majorité du conseil général. Tout ce beau feu a été étouffé par l'attitude vraiment patriotique du parti républicain et par la fermeté du préfet, M. Dauzon. Nous ne saurions trop féliciter l'assemblée départementale de la Corse d'avoir aussi hautement décliné toute solidarité avec les hommes du 2 Décembre, et coupé court à leurs manœuvres. Ce n'est également que justice de reconnaître que les mesures de précaution prises par le gouvernement et qui ont été si vivement critiquées, /étaient un acte d'habile prévoyance, dont l'utilité a été pleinement confirmée par l'événement. Il n'est pas douteux que l'envoi d'un commissaire extraordinaire et la présence de l'escadre, en montrant que le pouvoir central était décidé à agir avec vigueur contre toute atteinte à la paix et la légalité, n'aient grandement contribué à rassurer les républicains souvent menacés et insultés par les partisans du régime déchu, à décourager les intrigues et les manœuvres de ces derniers, et à assurer le maintien de l'ordre et de la tranquillité. On peut en juger, du reste, par la véhémence des protestations de M. Gavini et consorts contre ces deux manifestations gouvernementales....