Extrait du journal

l'occasion du prochain anniversaire du 4 septembre, M. le ministre de l'intérieur a adressé ces jours-ci aux préfets une circulaire qui leur enjoint d'interdire « tous banquets ou réunions publics, ainsi que ceux qui, affectant une forme privée, n'en auraient pas moins un caractère public ou qui risqueraient de provoquer des émotions et des troubles au dehors ». M. Victor Lefranc motiva cette interdiction par le besoin qu'a le pays de calme et de repos pour mener à bonne et prompte fin la suite des opérations relatives au dernier emprunt, pour hâter la libération du territoire et consolider la république conservatrice.- Ce sont assurément là de très bonnes raisons, mais le ministre aurait encore pu en invoquer une autre e non moins forte et plus directe, une raisonde haute convenance patriotique. Le 4 septembre est certainement une date mémorable, car c'est ce jour-là que nous s avons été débarrassés du régime honteux auquel nous étions condamnés depuis dix-huit ans, mais nous ne pouvons oublier à quel prix douloureux nous avons payé notre délivrance, et quand "une journée historique se présente sous des aspects si dissemblables et rappelle des souvenirs si opposés, il nous semble qu'elle ne saurait comporter de réjouissances publiques. On peut, au reste, se demander si la circulaire de M. V. Lefranc était nécessaire. Nous avons bien vu dans quelques endroits que des banquets étaient en voie «le s'organiser et que des commissions s'étaient formées dans ce but; mais ces manifestations paraissaient devoir être assez peu nombreuses, et une forte présomption qu'elles se seraient passées paisiblement, c'est que leurs promoteurs se sont empressés de déférer sans trop de mauvaise humeur aux injonctions prohibitives du gouvernement....