Extrait du journal

V — (Suite) - Les trois jeunes gens se turent, visiblement flattés, et l’accueillirent avec un sourire. Erna sourit aussi, mais intérieurement. Elle avait conscience de sa supériorité de femme de vingtdeux ans sur des jeunes gens de dix-huit ou dix-neuf ans. — J’ai une question à vous adresser, dit-elle gaiement. Mais ne vous effrayez pas. Figurezvous être au cours. Par un merveilleux caprice du hasard, par suite d’un pari, ou pour une rai son quelconque. Il n’y aurait là rien d’impossihle, n’est-ce pas ? Othoin d’Arras prit un air important. , -,— J’y ai déjà été trois fois, mademoiselle. Dans les premiers jours. IL faut bien avoir vu les professeurs dont on suit le cours ! — J’y ai été une ou deux fois aussi ! certifia son voisin, jouvenceau fluet,'aux yeux mélan coliques, dont la lèvre supérieure s’ombrait d’un léger duvet noir. Le troisième seul se taisait obstinément et 'prenait des airs prétentieux. Sa figure chafouine avait quelque chose de vieillot. Au lieu du béret de couleur, il portait sur ses grandes oreilles écartées une légère calotte.de voyage qui dissi-...