Extrait du journal

— Quoi ! vraiment? fit Marsaune d’un ton de joyeux triomphe. Cet hiver ne t’a pas paru triste. Eh bien, il faudra recommencer ! Mais il lui semblait que la plus belle page de sa vie venait d’être déchirée pour ne plus ja mais être lue. Elle secoua la tête avec mélan colie et il redemanda : — Qu’as-tu? — Oh ! rien, une idée noire qui passait. — Mais je défends les idées noires, moi I Puis quittant ce ton de despote : — C’est bien vrai ? Tu n’es pas souffrante ? Dis-le, chère. . . — Je suis toujours bien près de toit Il se tut, mais à part lui il avait décidé d’em mener sa femme bien-aimée dans un beau voyage à travers les villes ensoleillées de la Méditerranée. Il y avait au château nombreuse compagnie lorsque, deux jours plus tard, en sortant de table, Marsaune au lieu d’emmener les hommes au fumoir, ouvrit la porte du petit salon d’Alix. Les vitraux étaient en place. Un praticien venu de Saint-Etienne travaillait à les fixer tout en haut d’une échelle, tandis que Cyrille, d’en bas, lui passait les outils. Les ogives situées à l’ouest recevaient le jour du couchant et par une grande glace sans tain encadrée dans la muraille au midi, on avait la vue du jardin, du fleuve et de la vallée. Au moyen d’un store placé devant cette glace on pouvait masquer à volonté la lumière de ce côté sans être condamné à perpétuité au jour crépusculaire des vitraux. Marsaune fit jouer ce store pour qu’on pût les voir dans tout leur effet. Et rien n’était plus noble, plus suave que ces reflets de pierreries caressant les tentures soyeuses. Les invités furent charmés, s’exta sièrent. Alix souffrait un peu de leurs éloges; elle aurait voulu que l’artiste en eût sa large part et deux jours plus tôt elle n’eût pas man qué de la revendiquer pour lui, mais, aujour d'hui où en aurait-elle trouvé le courage? Lui,...