PRÉCÉDENT

Le Temps, 30 décembre 1892

SUIVANT

URL invalide

Le Temps
30 décembre 1892


Extrait du journal

leur seront même quelque peu inférieures, de I façon à constituer une réserve croissante. C’est i ce qu’a réglé la récente loi sur les douzièmes provisoires. Depuis longtemps, une disposition de ce genre était réclamée par tous les esprits clairvoyants, rendus inquiets par le développe ment considérable des dépôts et l’abaissement continu du taux de capitalisation des valeurs. L’attribution d’un intérêt absolument anormal à la clientèle des caisses d’épargne créait peu à peu un péril public, en attirant vers celles-ci, au détriment des affaires, d’immenses capitaux. L’Etat se trouvait encourager le gonflement d’une dette qu’il aurait, au contraire, le plus grand avantage à restreindre. On était en pré sence d’un système des plus regrettables. Au moins, à l’avenir, si la dette envers les caisses d’épargne ne cesse pas de grossir, on sera sûr qu’elle né coûtera rien aux contribuables. Et peut-être, en outre, les capitalistes héeiterontils davantage à mettre leurs fonds dans ces in stitutions, qui ont été faites non pour favoriser le placement des capitaux déjà formés, mais pour recueillir l’épargne en formation. Les caisses d’épargne auront chance de revenir ainsi à leur véritable rôle. ; Cependant, il sç trouve des critiques pour dé plorer cette réforme. Des retraits de ronds ne vont-ils pas, dit-on, se produire? Les déposants ne chercheront-ils pas des placements plus rémunérateurs? Ce seront des mécontents ; le Parlement y a-t-il bien songé? N’aurait-il pas dû recourir au moins à une loi spéciale, discutée avec soin, au lieu d’insérer dans la loi relative aux douzièmes provisoires une clause que per sonne n’a vue? Quelques-uns, allant plus loin, parlent d’une vive émotion populaire. Les gui chets des caisses d’épargne seraient assiégés. S’il fallait on croire certain journal, le bruit courrait de la fermeture de l’ùne des caisses les Îdus importantes ; des gens s’en iraient colporant dans Paris cette nouvelle : la Caisse d’épar gne ne paye plus ! Si ces gens existent, ils font, consciemment ‘où.non, une triste besogne. Essayer d’ébranler la confiance des masses dans la solidité des caisses d’épargne, c’est renouveler une manœu vre dont on s’est promis, plus d’une fois déjà, des résultats politiques importants. Par ce temps de soupçon universel, il aura semblé, que les esprits sont merveilleusement préparés à do nouvelles paniques. Mais, pour déjouer ces beaux calculs, l’évidence suffira, a La Caisse d’é pargne paye », et fort bien. Que, partageant un instant les craintes que l’on tente de propager, un déposant se présente pour retirer son ar gent, il constatera de visu le fait, et il en sera quitte pour se moquer de sa propre crédulité. * Chose curieuse, il se trouve même que cette fin d’année s’annonce comme devant donner, contrairement aux années précédentes, des ex cédents de versements. Ainsi, du l,r au 10 dé cembre, la Caisse des dépôts et consignations a constaté, pour le mouvement de fonds des cais ses d’épargne, 8,095,303 francs dé versements,et seulement 4,305,173 francs de retraits. Du il au 20 décembre, les versements ont été de 7,995,340 francs, alors'que les retraits sont descendus à 4.553,684 francs. Pour la troisième déçado, les indications sommaires parvenues jusqu’ici ac cusent également des excédents de versements. Si bien que la Caisse des dépôts, surprise par ce mouvement inaccoutumé, a pu éprouver quelque embarras pour ses placements. A Paris, qui a été visé spécialement, lès retraits sont comparables à ceux des dernières; années, à là •mêmeépoque. : . De.cfisc, il n'y en a aucune, sauf cet embarras des richesses dont nous parlions et qui mohtre1 rait, à lui seul, combien le législateur a été bien plusdôngtemps pour prendre cette mesure, c’eût été commettre une faute grave. C’est, enfin, sur l’avis même des caisses d’épargne, que la dis position a été insérée dans la loi des douzièmes provisoires. On a prévenu ainsi d’inextricables complicationsd’écritures....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

En savoir plus
Données de classification
  • crispi
  • di rudini
  • adrien hébrard
  • lasserre
  • cornély
  • thiébaud
  • goblet
  • boulanger
  • pilate
  • robert
  • rome
  • france
  • temple
  • paris
  • david
  • italie
  • suisse
  • panama
  • bizerte
  • autriche
  • la république
  • caisse des dépôts et consignations
  • maison du peuple
  • bt
  • union postale
  • union
  • mouvement socialiste
  • parlement
  • eclair
  • chambre française