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Le Temps, 30 décembre 1935

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Le Temps
30 décembre 1935


Extrait du journal

APRÈS LE VOTE La Chambre a approuvé hier, par 304 voix contre 261, soit à 43 voix de majorité, la poli tique extérieure du cabinet Laval. Sans doute, ,1a priorité n’avait tout d’abord été refusée à l’ordre du jour hostile au ministère qu’à vingt voix de majorité. Le succès parlementaire remporté par le président du conseil n’en est pas moins des plus nets, si l’on songe à l’effort sans mesure — et sans précédent — que l’op position avait déployé contre lui. C’est, en effet, avec une sorte de rage que les tenants du « Front populaire » menaient, de puis la rentrée, une guerre sans merci contre le gouvernement. « Renverser Laval », le ren verser à tout prix, tout de suite, quoi qu’il en pût . advenir « au point de vue international ou . au point, de vue financier, tel était le mot d’ordre fies excités du.,cartel iriparUté*., qui,, aveuglés par la -passion, ne voulaient même pas voir que la chute du cabinet eût desservi l’intérêt des gauches en les mettant, à trois mois des élections législatives, en face de leurs responsabilités. « La Chambre tenait cette fois M. Pierre Laval », écrit ce matin M. Léon Blum dans le Populaire : cette petite phrase du lea der marxiste montré, beaucoup mieux qu’un long discours, la déception, éprouvée par des assaillants qui, croyant le chef du gouverne ment à leur merci, n’ont cependant réussi ni à le renverser, ni même, bien au contraire, à le diminuer. _ *; Ainsi le « Front populaire v a vu s’abattre sous lui, depuis la rentrée des Chambres,, ses trois grands chevaux de bataille : l’affaire des décrets-lois, l’affaire des ligues, l’affaire italoéthiopienne. C’est un fait que sa croisade a échoué, que ses offensives n’ont pas abouti; le ministère est encore là, et toujours au grand complet. Cette imbrisable résistance ministé rielle est due à l’autorité et à la maîtrise, de M. Pierre Laval, dont la sagesse, l’esprit1 poli tique, le « sens de l’humain » ont fait une fois de plus merveille. Mais, surtout, le succès de la politique de conciliation du cabinet LavalHerriot-Marin vient de ce que cette politique répond à l’instinct profond, à la volonté très nette du pays. Le cabinet de trêve politique a triomphé parce qu’il défendait, qu’il défend et qu’il défendra tant qu’il sera là une cause bien chère au peuple français, celle de la paix. Ainsi le génie de deux grands pays libres, voisins et amis, a, dans une même conjoncture, réagi différemment. Des deux gouvernements qui avaient conclu et approuvé l’accord de Paris, l’un — le cabinet britannique — a dû faire une volte-face complète en sacrifiant l’un de ses membres; -l’autre — le cabinet français — sort indemne de la bataille. Et cependant on a l’impression que le vote d’hier, loin de faire apparaître un divorce irrémédia ble entre la conception .anglaise et la concep tion française de la paix, accuse au contraire la solidarité des deux politiques, l’identité de leur but. > Soldats également loyaux de la-collaboration internationale et de la sécurité collective, mem bres également fidèles de la grande organisa tion de Genève, la France et l’Angleterre, s’il leur arrive de différer d’avis quant aux mé thodes, sont entièrement d’accord sur les fins à poursuivre. M. Laval et M. Baldwin ont une égale autorité pour assurer le maintien de la paix; leur , collaboration, retrempée dans l'épreuve subie en commun, ne peut manquer,; dorénavant, de porter tous ses fruits, et l’on peut être assuré que, l’impossible.' ayant'été tenté, tout le possible sera fait. ; Et maintenant, si nous songions un peu a nous-mêmes ? ■ Les deux journées de discus sions qui se sont déroulées à la Chambre n’ont manqué ni de. tenue, ni d’élévation : les* plus, hautes questions/de politique générale y ont été traitées, dans des conditions qui font honneur, en somme, au Parlement français. Mais le pays ne peut vivre indéfiniment dans l’atmosphère de controverses dégagée par le débat, institué autour de la Société des nations: Les mystiques affrontées ont fait leurs preu ves, l’idéologie a eu son temps. C’est le mo ment pour les Français, dont le lot est, après tout, de. vivre en commun, et qui ont bien le droit d’aménager au mieux leur existence com mune; de se détendre, de. se rapprocher, de prendre pleine-conscience de leur solidarité, de vaquer avec modestie, mais avec diligence; aux soins élémentaires que réclament le fonc tionnement de. l’Etat, la situation du Trésor, la lutte contre la crise, la défense nationale* La trêve des confiseurs, c’est bien; la trêve des esprits et des cœurs, c’est beaucoup mieux encore; La République et le pays réclament l’apaisement : ne serait-ce pas là un beau cadeau de nouvel an à leur faire ?...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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