Extrait du journal
le livre existait. Or, à peu près partout, le livre vient d’abord ; le théâtre ne fait que suivre le mouvement qu’il crée. Quand Charles dé Goster, le vrai père des lettres belges, écrivit son ad mirable Ulenspiegel, ce fut toute une littérature qui s’annonça et on s’aperçut que rien encore n’avait été écrit avant lui. Ce grand écrivain fut vraiment, selon la fable virgilienne, le taureau frappé entre les cornes et dans le sang duquel prit naissance le vol libéré des ardentes et sensibles abeilles. Après lui, c’est tout un départ d’âmes Aères et char mantes pour les hautes régions idéales ; il naît des conteurs, des romanciers, des poètes, des artistes du Verbe. Il ne faudra’ que quelques années pour que le théâtre à son tour ait ses auteurs. Les poings puissants d’un Verhaeren alors tordront le vieux haillon romantique pour en tirer une vêture nouvelle à la taille de son rude idéal. Un Maeterlinck créera le théâtre du mystère et le peuplera des inquiets fantô mes en qui on voulut voir la famille spirituelle d’un Shakespeare halluciné et qu’avec cette iro nie un peu dédaigneuse, qui chez lui se mélange d’une si fine sensibilité, il appela ses « marion nettes ». Ah I sa part de domination au théâtre va bien plus ldin et plus haut ! Il fut l’inventeur d’une psychologie ; il étonna le monde par un génie insolite et candide en attendant qu’il l’émer veillât de sa sagesse et de sa philosophie. La forme de son esprit renouvela la sensation du connu ; elle apparut le don naturel et soudain d’un dû ces imaginatifs irrésistibles qui portent en soi le recommencement d’un art et d’une sensibilité. Maeterlinck déjà était un des événements dp théâtre contemporain quand encore son. pays se refusait à le connaître. On ne pouvait con sentir à ce que ce petit avocat de province, bon garçon et qui aimait danser aux: kermesses, s’avisât de faire un théâtre que personne ne comprenait. Ce qui est plus étrange, c’est qu’il nous paraissait quelquefois à nous, ses amis, qu’il ne se comprenait pas toujours lui-même. On devait jouer l'Intruse au théâtre du Parc. Candeilh, qui ne s’en rapportait à personne qu’à lui pour ses mises au point, imagina de dopner à la pièce le mouvement et presque l’entrain d’une scène de la vie réelle. Il était si fier de son idée qu’à l’une des répétitions, à la quelle il m’avait prié d’assister, il mé disait : — C’est bien ça, n’est-ce pas ? Us ne sont pas figés, au moins, mes bonshommes 1 Us l’étaient si peu que je crus que cet extra ordinaire petit drame avait changé d’auteur. Maeterlinck, sous le péristyle, fumait des ciga rettes. Je lui fis part de mes scrupules. U me paraissait qu’une atmosphère de silence, avec de3 nuances de voix lentes et voilées, eût été bien mieux en correspondance avec le mystère douloureux de cette maison où déià la mort était J....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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