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Le Temps, 30 juillet 1934

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Le Temps
30 juillet 1934


Extrait du journal

LE PACTEJARXISTE On a beau être révolutionnaire et marxiste, on ne néglige pas pour cela les cérémonies protocolaires. Le pacte d’« unité d’action », comme dit le Populaire, de « front unique de lutte », suivant l’expression de l'Humanité, était déjà conclu et paraphé. Il lui manquait la signature solennelle, qui a été apposée ven dredi, fi ii heures ; dy matin. Il reste , à savoir si l’une ou l'autre des * hautes parties contrac tantes » ne le traiteront pas, un beau jour," comme un vulgaire « chiffon de papier ». • En fait, le pacte communiste et socialiste était virtuellement appliqué depuis la trêve des partis et l’union nationale, depuis la rupture du cartel parlementaire. Hâtons-nous de dire que cette entente révolutionnaire était dès lors normale, logique, conforme à la nature des choses. L’illogisme, c’était la scission. L’anor mal, c’était l’entente parlementaire d’un parti de révolution et de chambardement comme le parti socialiste, et d’un parti de gouvernement et d’ordre comme le parti radical. L’impuis sance du cartel à gouverner l’avait déjà montré aux plus aveugles. En somme, le pacte socialocommuniste clarifie la situation politique, puis qu’il unit désormais les adversaires de la démocratie républicaine, les partisans de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire du fas cisme rouge. Il est rare toutefois que des textes diploma tiques, soient exempts d’arrière-pensées, qu’ils ne contiennent pas quelques nuances d’hypo crisie. Le pacte marxiste n’a pas manqué à la tradition, puisqu’il se. donne entre autres choses « pour but » de lutter contre le fascisme, de défendre les « libertés démocratiques ». Les libertés démocratiques ! On sait le respect qu’ont pour elles aussi bien ceux qui veulent mettre la légalité en vacances que ceux qui appliquent la terreur coïmne-moyen de gou vernement. Lénine eût éclaté d’un beau rire devant ces « libertés démocratiques » que ses; disciples s’engagent à défendre. N’importe, il était logique que les « marxistes à la sauce tartare » et les autres, que les tacticiens de la « petite secousse » socialiste; et ceux du grand bouleversement bolcheviste se rencontrassent à.la fin pour, signer un pacte d’union, puisque leurs principes, leurs dogmes, leurs idéologies, leurs objectifs, sont identiques. En vain objecterait-on que le pacte est limité. Il ne l’est en aucune façon. Laissons de côté la « lutte contre le fascisme » et la « défense des libertés démocratiques », formules dérisoi res qui ne tromperont personne. Laissons aussi la « représentation proportionnelle » et la « dis solution ». Nous trouvons encore dans le pacte la lutte « contre les préparatifs de guerre », c’est-à-dire, si nous traduisons en bon fran çais,- contre la défense nationale — car ces « préparatifs de guerre » naturellement sont les nôtres ! Nous y prouvons encore la lutte « contre les décrets-lois », c’est-à-dire contre l’équilibre budgétaire, contre la réorganisation de l’Etat. Ajoutons enfin, pour mémoire, la lutte « contre la terreur fasciste en Allemagne et en Autriche », ce qui ne manque pas de saveur pour des gens qui travaillent à affaiblir la défense armée de la démocratie française. Cette campagne contre la défense nationale, contre le redressement financier, doit être me née au moyen de meetings, de manifestations dans la rue, de grèves dans, les services^ publics et les entreprises privées. Tel est le pacte qui unit les forces révolu tionnaires. Mais s’il est logique et naturel, il n’en comporte pas moins certaines réflexions et certaines conclusions. Le parti radical, où l’on a prévu la rupture de la trêve, de l’union nationale, pour octobre, est-il décidé à se join dre, en parent indigent, à une telle coalition ? Nous ne nous permettrons pas de lui rappeler ses traditions de patriotisme. Il est un parti de gouvernement, il est un parti républicain. Il a fait tous ses efforts — efforts paralysés par le cartel — pour établir, de 1932 à 1934, l’équi libre des finances publiques. Il avait refusé d’endosser le programme du manège Japy. Cette fois, il s’agit de bien autre chose. Il s’agit de renier. la défense nationale, de détruire l’œuvre de redressement commencée, ce qui équivaudrait pour le parti radical à se renier lui-même. H s’agit surtout de diviser la nation...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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