Extrait du journal

Le secret des délibérations de la conférence est assez fidèlement gardé, car on ne peut considérer les insignifiantes dépêches que l'agence Havas nous transmet sur ses travaux comme des infractions au mystère dont on est convenu. Ce n'est pas dans ces informations banales qu'il faut chercher à deviner la pensée 'des gouvernements européens mais on en [trouve un reflet dans la presse qui puise au'près d'eux ses inspirations. Quand on compare le langage des journaux d'Italie, de Vienne et de Pesth, il est facile de voir que les deux puissances germaniques, dont l'accord ne s'est pas, démenti un seul instant, exercent depuis quel;que temps une influence prépondérante sur le 'développement de la question égyptienne. C'est isous leurs auspices que s'est constitué le ïninistère Ragheb, et, depuis lors, leur politique a toujours tendu à assoupir la crise, à écarter les solutions violentes, et à favoriser un compromis qui, sans remettre les choses tout à fait en l'état, sauvegarderait pourtant, dans la mesure du possible, .'tous les intérêts et tous les amours-propres. 'Cette politique est manifestement contraire aux tendances qu'accusent depuis quelques jours ̃tous les actes du gouvernement britannique. iLes mesures militaires prises en Angleterre marquent chez le cabinet de.Londres le désir 'd'affirmer, aussi bruyamment que possible, la iprédominance des intérêts britanniques en (Egypte, et sa volonté de les protéger, etiàm imanu militari. Or l'Allemagne et l'Autriche ;paraissent appliquer tous leurs efforts à contrecarrer doucement ces tendances et à ramener la question égyptienne des régions où elle risque de s'égarer à la suite de la politique an'glaise sur le terrain de l'entente européenne, où leur étroite union leur assure la prépondérance....