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Le Temps, 30 juin 1898

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Le Temps
30 juin 1898


Extrait du journal

VII La Frogeais n’eut garde d’abuser de sa vic toire, aussitôt qu’elle entra comme épouse dans la ferme de Landier. Ce n’était pas une parve nue vulgaire. Elle comprenait la nécessite de se faire pardonner son intrusion, d’éprouver len tement les caractères et d’établir sa domination par un progrès insensible. , Yvon devait être seulement ménagé. C’était par nature et par situation le plus indépendant ; mais aussi son âge dispensait des sacrifices pro longés : il n’avait plus que trois ans à passer au pays avant les sept années du service militaire, qui le rendraient étranger à la famille et peutÊtre lui donneraient le goût de la vjlle et de la domesticité. En attendant, il ne paraissait qu’aux .repas où l’on pouvait satisfaire sans peine son appétit de laboureur et de charretier. Pascal, associé moins strictement aux gros ouvrages et destiné à garder longtemps la place de l’aîné, dont la présence sous les drapeaux l’exempterait de la conscription, avait besoin de prévenances plus suivies. Sa jeunesse et son •éducation lui faisaient, en outre, sentir plus vi vement la perte des tendresses maternelles. La belle-mère joua son rôle avec un tact parfait: elle n’affecta pas une sensibilité que ses yeux secs auraient démentie ; mais elle sut évoquer h propos le souvenir do cellé qu’elle remplaçait, faire devant l’enfant l’éloge de la défunte et dis penser modérément les gâteries, qui sont la fausse monnaie de l’affection. En un mot, elle ne tendait qu’à se rendre supportable et y réussit. Avec Landier la partie était plus grave, plus :gros aussi l’enjeu jleureusementsa volonté su bissait de fréquentes.., défaillances. Il y avait deux sûres manières de gagner tout à fait sa confiance et même sa soumission : d’abord l’ordre dans les armoires et dans les étables, en suite la passion intermittente. Sur le premier point la Frogeais ne pouvait, craindre aucune comparaison ; quant au second, elle s’aperçut promptement qu’elle n’avait pas à redouter le souvenir de Maryvonne. Aussi, dès les premiè res semaines son empire s’étabiif avec solidité. 'La. conséquence fut qu’elle obtint le privilège de garder son nom : on ne l’appela pas la Landier, ‘.Reproduction interdite....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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