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Le Temps, 30 mai 1900

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Le Temps
30 mai 1900


Extrait du journal

« CLAUDITE RiVOS » Il serait temps de fermer les écluses... Le spectacle que la Chambre a donné dans la jour née d’hier est bien fait pour porter à son com ble la lassitude et le dégoût de l’opinion. L’apai sement quo tout le monde réclame est une de ces choses auxquelles il faudrait collaborer par le silence et la complicité de tous. Autrement la politique de l’apaisement devient contradictoire et tourne dans un cercle vicieux puisqu’elle ne sert plus qu’à faire renaître et à nourrir des dé bats et des violences qu’il faudrait laisser tom ber et s’éteindre d’eux-mêmes. Comment ne pas admirer, pour peu qu’on soit philosophe et maître de soi, que sous le prétexte d’empêcher que l’on continue à s’occuper de l’affaire Drey fus, et peut-être avec le désir plus ou moins sin cère de nous en délivrer, des hommes politiques partent en guerre, entreprennent de renverser un cabinet de plus à ce propos, et déchaînent dans le Parlement les tumultes les plus violents et les mœurs les plus grossières/pour aboutir en fin de compte a la constatation de la même impuissance? On nous dispensera de suivre et de commen ter les histoires occultes et les incidents de cette regrettable journée. Ce que le pays y verra de plus clair, ce sont les violences scandaleuses auxquelles la représentation nationale n’a pas craint de s’abandonner, en pleine Exposition, en face de l’étranger, et l’obligation où s’est trouvé le président de se couvrir et de suspen dre une délibération devenue matériellement impossible. Nous devons avouer que nous n’avons pas compris grand’chose et que le pu blic, sans doute, ne comprendra pas davantage à ces récits et à ces papiers mystérieux « dont, comme l’a dit M. Bourgeois, l’origine et les auteurs paraissent être d’un monde tel que généralement on ne les cite guère à la tribune du Parlement ». Ce n’est que lorsqu’on est sorti de ces racontars de police secrète et des interprétations tendancieuses qu’on en faisait des deux parts que la séance a pris enfin une autre allure et que la délibération est devenue vraiment politique. M. Bourgeois a, sinon résolu,' du moins posé le problème dans ses véritables termes. Il n’a pas seulement fait un acte personnel de con fiance à l’égard du gouvernement. Sauver le ministère n’a pas été son unique souci. Si son intervention s’était bornée à cela, elle n’aurait qu’une importance restreinte. Ce qui en fait l’intérêt capital à nos yeux, c’est qu’elle a passé par dessus la tête du ministère actuel, comme un appel adressé au parti républicain tout entier, a ce parti virtuel dont nous parlions l’autre jour, qui existe au sein du Parlement et dont la reconstitution amènera sans effort la fin...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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