Extrait du journal
La grève des ouvriers tullistes vient de se produire à Calais. Les ouvriers, n’ayant pas voulu lever l’interdit qu’ils avaient lancé sur une des plus importantes usines de la ville, c’est-à-dire n’ayant pas voulu abandonner le système de mise à l’index qu’ils avaient déjà employé contre trois établissements, les indus triels calaisiens ont fermé leurs ateliers. La cause de ce conflit, on le sait, consiste dans la protestation des ouvriers contre un nouveau tarif élaboré par les patrons et dans la résistance des patrons à un autre tarif préconisé par la chambre syndicale ouvrière. Dans le même département, à Garvin, une autre grève a éclaté parmi les ouvriers em ployés aux- mines de houille. Là encore, les ou vriers n’ont pas voulu accepter les modifications proposées par la compagnie dans le tarif des salaires et ils ont rédigé des contre-propositions qui n’ont pas, non plus, été acceptées. Enfin, dans le bassin de la Loire, les mineurs de Firminy ont réclamé une hausse de salaires qui leur a été refusée. La situation reste très tendue. .Bien [que les trades-unionsjj de Nottingham *ai,è»t envoyé,, comme ils l’avaient promis, des subsides importants aux grévistes de Calais, il ne semble pas qu’il faille voir dans ces grèves un plan concerté d’avance pour déterminer un mouvement socialiste international. Tout laisse supposer que les conflits du Pas-de-Calais et de la Loire sont nés des difficultés qui ont surgi, plus ou moins inopinément, entre les ouvriers et les patrons,, et, par conséqueni, qu’il suffira aux intéressés de mettre, tout leur bon vouloir pour arriver à un accord désirable pour les uns comme pour les autres. Il ne faut pas, en effet, apporter dans ces affaires un esprit de parti pris préjudiciable aux idées d’apaisement. Les ou vriers ne doivent pas voir dans les patrons des adversaires systématiques ; les industriels doi vent considérer leurs employés comme des col laborateurs indispensables : tous doivent se pré occuper, avant toute chose, de la prospérité de leur industrie et même, dans une certaine me sure, sacrifier une partie de leurs intérêts par ticuliers, afin de développer la puissance écono mique de cette usine qui est et doit être, pour tous, la source de leur existence et de leur bien être. Si ces idées ne finissaient pas prévaloir, si l’é goïsme présidait seul aux relations quoti diennes des ouvriers et des patrons, si la sa tisfaction immédiate des intérêts était pous sée à l’extrême, la situation économique de l’industrie serait grandement menacée. Les ouvriers se hâteraient, dès que le travail sem blerait indiquer une légère reprise des affaires, de réclamer des augmentations de salaires plus fortes que ne le comporterait l’état du marché, et ils risqueraient de compromettre, par une grève intempestive, la période d’activité qui per mettrait, en raison des bénéfices nets réalisés, de majorer convenablement les prix de maind’œuvre. D’autre part,le fait,par les patrons, de ne pas faire participer leurs ouvriers à la reprise des affaires, surtout quand des réductions im portantes ont pu être faites en temps dé crise sur les salaires antérieurs, provoque fatalement un mécontentement qui, exploité par les agita teurs socialistes, conduit à un conflit qu’avec un peu de prévoyance on aurait sûrement évité. Ce qu’il faut donc, à l’heure actuelle, c’est exa miner toutes les questions relatives aux condi tions du travail et aux salaires avec un réel es prit de confraternité. C’est, par le monde indus triel, une manière pratique d’être « fin de siècle » et de sauvegarder les intérêts vitaux du pays. 11 ne faut pas oublier, non plus, que la lutte économique des peuples, que les rivalités com merciales se transforment. Une nation indus trielle, fortement concurrencée par un pays voisin, a tout intétêt, sinon à créer, tout au moins à entretenir chez ses rivaux lin chômage prolongé dont elle saura tirer parti. N’est-ce pas là, pour les ouvriers comme pour les patrons, un nouveau motif de faire preuve du plus grand esprit de conciliation pour mettre fin à des grèves dont les étrangers espèrent, presque toujours, être les premiers et peut-être les seuls à bénéficier ? ’ : *- AFFAIRES COLONIALES...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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