Extrait du journal
à gaz. Nos pertes furent très légères pendant cette semaine. Le moral des troupes est excel lent. • . ; HOMMAGE! LIMÉE DE VERDUN (De notre envoyé spécial) 29 août, 18 heures. Le président de la République, le ministre de la guerre et le général Pétain ont vu défiler devant eux ce matin plusieurs milliers de combattants revenant du front de Verdun. La scène se déroula sur un terrain dont les particularités compo saient un décor tout militaire. Quelque accoutumé qu’il soit à ce genre de cérémonies, le spectateur y éprouve une émotion vive. C’est que nulle des revues auxquelles on a pu assister en temps de paix ne pouvait égaler par son faste la simpli cité, pour ainsi dire brutale, de celle-ci. Les hom mes qu’on voit là « en reviennent », et si la cou leur de leur uniforme ne le révélait point, l’éclat de leurs regards, le teint de leur visage, toute leur attitude le proclameraient. Je me garderai de faire appel à la pompe des formules lyriques pour vous traduire la beauté sombre de ce tableau. Le guerrier, le vrai guerrier, veut des mots nets et francs pour exprimer les sentiments qui l’ani ment ou qu’il suscite. La guerre qu’il fait, il en aperçoit la misère avant la grandeur; il n’a cure des apparences et des symboles; ses yeux, qui ont contemplé la mort de longs jours durant, ne veulent apercevoir que la réalité .momentanée des» choses et tout'ce qüï est littérature ou ornement lui semble vain ou du moins inopportun. Je vous assure que si l’on avait dit au soldat qui passait près de moi ce matin, du poil au visage, la capote durcie par la boue, le casque bosselé : « Tu es beau comme un Raffet! », il eût éclaté de rire et peut-être riposté par une impertinence à la louange déplacée. Je vous confierai même que les bataillons glo rieux qui viennent d’être passés en revue ne défi laient pas comme un mur. Chacun était à sa place et marchait au pas, mais les rangs n’avaient point cette rectitude que nous admirions naguère dans les parades, et cela n’en était que plus émouvant. Des capotes avaient leurs pans déchirés. Mais des vingt-sept drapeaux qui flottaient au-dessus de cette rude troupe, plusieurs aussi étaient en lam beaux, et ils n’en représentaient que mieux la pa trie. Les fanfares ne faisaient pas entendre des airs très variés, mais on n’ouït pourtant jamais hymne aussi martial que ces quelques pauvres mesures répétées par les cuivres. Enfin, la céré monie fut brève, ce qui en compléta le sens, car tous ceux qui y prenaient part, chefs et soldats, avaient autre chose à faire, et d’abord, pour ceuxci, à se reposer. Toutes les divisions ayant combattu depuis le 20 août étaient représentées à cette revue par quelques-uns de leurs bataillons ou de leurs com pagnies. J’ai dit, insuffisamment, hélas 1 l’œuvre accomplie par elles, en ces dix derniers jours, à droite et à gauche de la Meuse. Elles ont repris, en quelques heures do bataille, presque tout le ter rain d’où l’ennemi avait mis de longs mois à nous repousser. L’histoire de cette nouvelle offensive de Verdun ne peut pas encore s’écrire et je n’ai pu en noter que quelques péripéties. Mais il est dès maintenant avéré qu’elle a montré la vail lance de toutes les armes françaises, artillerie, infanterie, aviation et aussi de tous les organis mes spéciaux qui y ont coopéré. Elle a révélé la cohésion et la sagesse de nos plans, prouvé que nulle des leçons de ces trois années de guerre n’a vait été perdue pour ceux qui en assurent à pré sent la conduite et qu’en résumé nous sommes de plus en plus forts. — Jean Lefranc....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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