Extrait du journal
,L'amëndement de M. Vente, destiné à réprimer les journaux à tendances séparatistes, a occupé la première partie dé la séance d'hier. Nous avons déjà indiqué combien l'inspiration du député du Nord nous paraissait peu heureuse on ne fit jamais plus mauvaise besogne avec d'excellentes intentions. Des idées telles que celles .de M. Vente ne devraient pas se produire sans avoir été examinées et pesées par un groupe parlementaire important l'initiative individuelle dépasse sa compétence légitime sinon légale lorsqu'elle se laisse entraîneràdes improvisations de cette espèce. Une fois la faute de M. Vente commise, il eût appartenu à un membre du cabinet de couper court à cette fausse manœuvre à défaut d'un membre du cabinet, il eût dû se trouver une majorité pour trancher, vivement, sans discussion et sans discours, la question si malencontreusement posée. C'est ce qui a fini par avoir Ueuv4iiais non sans résistance de la part de là' droite, dont nous avouons ne pas comprendre les motifs. A moins qu'elle ne péd'ât au besoin, qui'ne tyrannise que trop hélas les Assemblées françaises; de faire de l'opposition quand même aux hommes que l'on combat habituellement. M. Gambetta avait pourtant exprimé une vérité évidente en disant que la proposition de M. Vente donnerait, aux yeux de l'étranger, de la consistance à un danger qui n'existe pas. La loi sur la presse a ensuite été reprise et poussée grand train à travers quelques courts débats, entre M. Bertauld, M. Jules Favre et M. le garde des sceaux. Mais quand s'est présenté l'article 9 relatif à la levée de Fétat de siége dans toute la France, excepté dans là Seine, dans Seineet-Oise, dans le Rhône, dans les Bouches-du-Rhône et à Alger, M. ChallemelLacour, avec un talent de parole qui n'est plus à jugér, a dressé un réquisitoire vigoureux et complet contre la politique de Il. le ministre de l'intérieur. M. Buffet s'est défendu par lés mêmes moyens et en employant à peu près les mêmes armes que dans sa réplique à M. Albert Grévy. Avant le vote définitif de l'article 9, le gouvernement avait annoncé qu'il proposait de retrancher du texte ces mots « et la ville d'Alger», le gouverneur général ayant fait savoir qu'avec les nouvelles dispositions sur la presse, l'état de,siége n'était plus indispensable dans la capitale de l'Algérie. Les représentants de Versailles et de Marseille ont du reste défendu pied à pied les droits de leurs départements, mais sans le moindre succès et, comme nous en avons manifesté hier l'espérance, l'ensemble de la loi a été voté sans scrutin. Malgré toutes les objections qu'elle s'est justement .attirées, cette loi nous délivre de la juridiction exceptionnelle dans quarante départements et purge nos mœurs administratives d'une pratique qui outrageait à la fois la justice, la propriété et la liberté....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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