Extrait du journal

qui la police enlevait plus de bustes et de portraits d’Henri V qu’il ne vendait de remettes de papier au noble faubourg. Car Jeanne se plaignait d’avoir été lâché par le noble faubourg dans sa lutte contre Louis-Philippe, contre la République, contre Buonaparte. « On me félicite, disait-il, on me complimente, on m’invite à braver le tyran,mais on ne m’achète pas mon papier. On dit qu’on ne peut pas changer ses fournisseurs ! » Pourtant, il ne se décourageait pas. Ce petit homme chafouin, hérissé, qui avait la mine d'un roquet exaspéré, était toujours prêt à la bataille.il avait, du reste, de qui tenir, étant le frère de Jeanne, l’h roque défenseur de la barricade Saint-Merri. Son rêve était de tenir dans sa main les forces populaires du parti royaliste. Il réussit à grouper autour de lui une demi-douzaine d’ouvriers et les mena à Frohsdorf porter au roi une belle paire de pistolets, produit d’une souscription extrêmement nationale. Le comte de Chambord reçut les délégués du peuple, leur dit merci et ne les invita pas à dîner. Cela choqua Jeanne. « On pouvait, disait il, m’envoyer à l’office, cela m’aurait été bien égal ; mais les ouvriers, il fallait les inviter! »...