Extrait du journal

Vers 1859, je fis connaissance d'un bon garçon, petit employé aux bureaux île l’Hôtel de Ville. Il s'appelait Henri Roche fort, : mais ce nom. alors, ne disait rien. piochefort vivait d'une vie modeste et très rangée, habitant avec ses parents la vieille rue des Deux-Boules. ;l portée de son travail, dans te grouillant quartier Saint-Denis, tout envahi par le commerce et l’artlcle-Paris, avec ses maisons à boutiques, du haut en lias aioléesd'enseignes, les échantillons étalés, s cadres accrochés au coin des portes : Plumes et (leurs, bijoux en faux, fa (lot s et paillons, perles soufflées ; des métiers à tous les étages, un bruit continu de travail tombant des fenêtres dans la rue ; des camions qu'on charge, des paquets qu’on ficelle, des commis courant plume sur 1 oreille ; une ouvrière en sarrau qui passe, gardant des rogneras d'or dans les cheveux; et, de loin en loin. quelque riche hôtel transformé en magasins de dépôt dont le blason et les sculptures reportent votre pensée à deux siècles et font river de valets enrichis, de financiers cousus d’or, du comte de Horn, du régent, de Law, du Mlsslssipi, du Système, de l'époque enfin où, dans ces rues aujourd'hui commerçantes et bourgeoises, montaient et descendaient d’heure en heure les plus invraisemblables fortunes, au flux de fleure et d’or sortant avec une impassibilité de marée de cette étroite fente Puante, toute voisine, qui s’appelle encore la rue Quincampoix! Mon ami Rochefort était un peu comme sa rue et faisait bon Marché de son passé. On le savait noble, dis d'un comte ; lui semblait ignorer ccla.se laissant appeler Rocliefort tout court; et cette simplicité américaine ne laissait pas de m'impressionner, mol tout frais débarqué do notre vaniteux Midi légitimiste....