Extrait du journal

En dépit de toutes les rodomontades de ses politiciens nationalistes et des cris d'orfraie des 440 journaux de M. Hugenberg, l'Allemagne n'est nullement en état de se lancer dans les aventures. On a beau, dans certains milieux militaires français, nous présenter l'armée de métier de cent mille hommes que le traité de Versailles a imposée à l'Allemagne, comme un modèle et même un idéal, tous ceux qui ont vécu de. l'autre côté du Rhin savent que la Reichswehr est absolument incapable--d'un coup de main quelconque contre une nation solidement armée comme la France, et même pas contre la Pologne. La crise économique entraîne une misère effroyable, les troubles sociaux ravagent le peuple, et l'armée de métier a eu trop souvent à intervenir pour rétablir l'ordre compromis par les malheureux, pour être populaire, pour pouvoir encadrer les masses. Toute aventure extérieure serait le signal de la révolution et d'une lutte à mort entre les extrémistes de droite et de gauche. Le gouvernement du Reich et les chefs politiques le savent bien, et s'ils se laissent aller à proférer des menaces, c'est uniquement dans un but électoral ou dans l'intention de faire chanter les voisins de l'Allemagne....