Extrait du journal

L'Allemagne se trouve dans une situation extrêmement critique, quoi qu'on en dise ou quoi qu'on ait déduit du rapport optimiste de M. Parker Gilbert. Le fait brutal, c'est que le nombre des sans travail croît sans cesse, et qu'il atteint ces jours-ci deux millions et demi. L'industrie allemande produit trop cher, elle n'a pas encore trouvé de débouchés nouveaux, et elle manque surtout de capitaux. Quant au gouvernement, qui devrait s'employer à remette les choses en ordre, il fait preuve d'une extraordinaire faiblesse, et il semble frappé d'impuissance. Depuis des semaines les centristes ont quitté le cabinet, qui n'a pas encore pu se décider, après de multiples délibérations avec les chefs des partis, à remplacer les ministres démissionnaires. Le gouvernement est sans prestige, sans autorité, et surtout sans majorité, car il n'y a pas de majorité stable au Reichstag. Chaque parti tire d" son côté, et le centre catholique joue sur tous les tableaux, tantôt à droite, tantôt à gauche. Ajoutons à ce sombre tableau que les caisses de l'Etat sont vides, et que l'on se casse la tête, au Ministère des finances, pour trouver le milliard de marks qui sera nécessaire, à la fin mars pour payer les fonctionnaires, la Reichswehr, la police, les services publics et la mensualité des réparations. Ce n'est pas aux deux millions et demi de chômeurs, ni aux industriels dont les usines sont en sommeil, qu'on va demander de supporter de nouveaux impôts, ni aux anciens bourgeois complètement ruinés, ni même aux paysans, les seuls qui se soient...