Extrait du journal

Les vacances de la Pentecôte eussent tuffi à ralentir le travail diplomatique. L invraisemblable accident survenu à M. Deschanel l'a momentanément paralysé tout à fait. Le public, en effet, n'a guère aperçu que le côté pittoresque de la mésaventure du Président de la République. Les hommes qui ont la charge et la responsabilité des grandes affaires ont dû envisager de combien peu il s'en est fallu que nous ne nous trouvions en présence d'une catastrophe mortelle. Laissons même de côté les interprétations auxquelles ont donné lieu une tragédie qui serait restée inexplicable, si M. Deschanel navait pas été là pour l'expliquer lui-même. Plaçons-nous simplement en face de cette éventualité : la France privée brusquement du chef de l'Etat, perdant l'homme qui, par la dignité de sa vie comme par son talent. s'est également imposé à tous les partis. Quel ébranlement n'en eût pas subi notre politique, tant extérieure qu'intérieure î Heureusement « nous l'avons, en dormant, Madame, échappé belle ». Mais l'émotion ressentie, surtout à la réflexion, n'en a pas moins été forte ; et il est naturel qu'on se soit quelque peu abandonné aux réflexions intimes, avant de reprendre le collier des occupations journalières qui, en ce qui concerne la besogne diplomatique, sont, pour le moment, singulièrement vides et ingrates....