Extrait du journal
Dsna un temps où l’on voit éclater pres que quotidiennement les grèves les moins justifiées et les plus révolutionnaires, lors qu’un individu peut se permettre d’arrêter tout à coup, sans aucun motif et pour sa seule satisfaction personnelle, tout l’éclai rage électrique de Paris, il est une question qui doit préoccuper au plus haut degré les pouvoirs publics, c’est celle de la liberté du travail. Le plus vulgaire bon sens veut que nulle autorité ne puisae empêcher aucun homme de travailler, parce que sans travailler il est impossible à celui qui n’a pas de rentes de vivre, de faire vivre sa femme et ses en fants, de se loger et de loger sa famille, de se vêtir et de vêtir les siens. Tous les sophismes imaginables s’effon drent devant le droit que tout homme a de manger : pour vivre et de travailler pour avoir de quoi manger. Et le premier do tous les devoirs qui incombent aux pouvoirs pu blics est celui de protéger le droit au travail de tous les citoyens, parce que le droit au travail, c’est le droit à la vie. On ne saurait, du reste, contester à qui que ce soit le droit de ne rien faire, même au risque d'en mourir. Et s'il plaît à un, à deux, à dix, à cent, à mille individus de s’abstenir simultanément de tout travail, même sans aucune raison, les pouvoirs pu blics n’ont pas à s'en mêler, à moins que la sécurité ou la vie du corps social soient compromises. Ils n’ont pas à s’occuper davantage des procédés que les individus désireux de ne rien faire emploient pour cesser simultané ment de travailler. Si, étant membres d’un syndicat, il leur plaît d'obéir au Président ou au secrétaire de ce syndicat et do quitter le travail instantanément, sans raisonner, sur un ordre d’eux, personne n'a rien à y voir. La loi interdit justement aux citoyens de vendre leur corps ; elle ne saurait leur interdire de courber leur intelligence et leur Individualité devant l’Eglise religieuse, po litique ou écnomique à laquelle il leur plait d’adhérer. Les pouvoirs publics n’ont pas davantage à intervenir dans l’organisation des réu nions ou des consultations par lesquelles les meneurs d’un syndicat préparent une grève. Que celle-ci soit votée d’enthousiasme ou après discussion dans une réunion publi que, ou bien qu’elle soit l'objet d’un referen dum, cela ne regarde ni le gouvernement, ni le législateur. Et si tous les ouvriers d’un chantier, d’une industrie ou même de plu sieurs industries distinctes sont d’accord pour cesser tous ensemble le travail, les pouvoirs publics ne peuvent qu’assister en témoins impartiaux à la réplique des pa trons. Une grève ou un lock-out unanime ment consentis par tous les ouvriers ou par tous les patrons intéressés, ne donnent au cun prétexte d’intervention à l’autorité pu blique. Il n’eu est plus de même lorsqu’une par tie des ouvriers se refuse à faire grève et manifeste la volonté de continuer à travail ler ou qu’un certain nombre de patrons re fusent d’imiter les autres dans un lock-out. Dans ce cas, le devoir du gouvernement est d’assurer la liberté du travail des ouvriers ou des patrons, si elle est menacée par ceux qui se sont mis en grève ou en lock-out. Or, parmi les ouvriers, il est rare que la liberté ne soit pas menacée. Ceux qui font grève n’admettent pas que tous leurs camarades n’imitent pas leur exemple. Encore trop peu instruits pour avoir une notion exacte de la liberté et pour faire un usage convenable de la raison, ils ne connaissent que la force et, comme ils sont le nombre, ils s’imaginent volontiers avoir pour eux la raison. Aussi n’y a-t-il pas une seule grève dans laquelle on ne voie les ouvriers désireux de continuer à travailler être l’objet de mauvais traitements, On les insulte, on les frappe, on les poursuit jusque dans leurs familles, on leur impose des humiliations de toutes sortes, jusqu’à ce qu’ils aient abandonné le travail. Et, trop souvent les pouvoirs publics assistent, impuissants ou systématiquement inactifs, aux sévices que les grévistes font subir aux non grévistes. Nous avons connu des ministres qui jamais ne prirent sérieuse ment la défense des ouvriers désireux de continuer à travailler malgré la proclama tion d’une grève ; ils craignaient de s’attirer le mécontentement des dirigeants du collec tivisme. Nous en avons vu quelques autres désireux de protéger la liberté du travail, _ échouer parce qu’ils ne disposaient pas des moyens nécessaires. La création de cee moyens ne saurait tar-...
À propos
L'Écho de la montagne fut un hebdomadaire publié à Saint-Claude entre 1877 et 1944. Il faisait suite à L'Hebdomadaire, lancé en 1827. Il s'agissait d'un journal qui publiait les annonces judiciaires, commerciales, ainsi que les actualités du canton du Jura. En 1946, le journal est ressuscité par Jean-Pierre Salvat et renommé Le Courrier. En 2009, Le Courrier fusionne avec L'Indépendant du Haut-Jura-Morez pour donner Le Courrier l'Indépendant, dont la publication est discontinue depuis 2011.
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