Extrait du journal

Est-ce une erreur, une plaisanterie, ou une vérité ? Répondons hardiment, sans hésiter ; il ne s’agit ni d’une erreur, ni d’une plaisanterie. Oui, les Français possèdent des mines d’or; on les compte même par milliers, mais personne n’a l’air de s’en douter, et les propriétaires de ces « liions » en connaissent seuls l'existence et la richesse qui représentent sûrement plusieurs milliards l L’or ainsi caché a toute la pureté désirable, pureté contrôlée, éprouvée, garantie, car il est question tout sim plement du trésor monnayé que dé tiennent encore, en maints endroits, des gens méfiants qui méconnaissent, à leur insu, leurs intérêts aussi bien que l’intérêt du pays. L’or enfoui, au fond d’un tiroir ou dans le coin d'un jardin, n’a pas plus de valeur et d’utilité qu’un caillou pour celui qui le garde sans l’employer. C’est l’équivalent d’une voiture que sen propriétaire laisserait dans une remise au lieu de s en servir ou de la louer pour qu’un autre s’en servit moyennant un bon prix. Le dicton populaire est l’expression d’une vérité : « La monnaie est faite pour rouler », c’est-à-dire pour passer de main en main, pour véhiculer des valeurs, de môme que les véhicules transportent des marchandises. L’or caché n’est plus un instrument d’échange ; c’est un morceau de métal inerte et stérile. Si les Français qui thésaurisent achetaient avec leur or une machine, un cheval ou une char rue, ils auraient, au contraire, un ins trument qui leur rapporterait quelque profit, mais ils n’osent pas, aujour d’hui, montrer leurs pièces. Une se crète honte les retient : ils compren nent, ils devinent qu’on leur reproche rait d’avoir gardé un trésor qui devrait être versé à la Banque de France pour accroître le crédit du billet, pour gros sir la réserve sacrée qui est le gage et la sauvegarde de tous nos intérêts ! Les « cachottiers » espèrent donc quelque chose qui ne se réalise pas depuis six ans, ils prévoient quelque bouleversement qui donnerait à leur or la valeur d’une suprême ressource, ou bien ils supposent encore que leurs {>ièces vont avoir plus de valeur que e nombre de francs gravé sur elles. Quelle erreur I L’or est lié, garrotté par les lois qui permettraient de frap per celui qui voudrait exiger plus de vingt francs pour une pièce du môme nom ; les mêmes lois interdisent la sortie de l’or et sa fonte, sous la sanc tion de peines correctionnelles. Quel est donc l'intérêt et le devoir de toute personne qui garde encore de l’or dans notre pays ? Devoir et intérêt l'obligent à verser eette monnaie à la Banque de France, soit directement, soit par l’intermédiaire discret d’un notaire, et à échanger le métal stérile contre des titres qui rapportent un intérêt. La rente 6 %, par exemple, permet de vivifier l’épargne, d’exploiter la mine d’or française. Cette mine existe, sachons tirer parti de ce trésor. Daniel ZOLLA....