Extrait du journal

Je faisais, il y a une vingtaine d’années, des études excessivement fantaisistes dans un collège de quatrième ordre. Elevé jusqu’à douze ans dans un village où la salle de classe n était guère fréquentée que par des araignées de toute taille (comme la caisse Philippart), j avais pris goût aux habitudes irrégulières et sauvages de mes petits camarades. A la suite d’un petit héritage que fit ma mère, il me fal lut quitter cette vie vagabonde pour me sou mettre à un régime moins débraillé. Quand arriva l’heure du départ, je poussai de véri tables hurlements ; sur le seuil de la cuisine, ma mère s’essuyait les yeux du coin de son ta blier, n’osant pleurer comme elle l’eût voulu, car mon père n’entendait pas que l’on discutât ses volontés, même avec des larmes. Un revendeur, qui se rendait à la ville pour la foire de la Toussaint, me hissa sur ses pa niers de légumes et répondit aux dernières...