Extrait du journal

On a maintenant quelques details précis sur la prise de Pékin par les alliés, qui a ou lieu le 14 août. Dans la matinée les drapeaux russe et américain ont été hissés sur le mur oriental de la ville. Les troupes de l’Inde ont pu péné trer dans la légation britannique à 1 heure et les Américains à 3 heures. Les assiégés les ont accueillis avec une joie difficile à dépeindre, d’autant plus qu’ils étaient à peu près à bout de ressources, n’ayant plus de vivres nue pour trois jours. Depuis deux journées ils subis saient un furieux assaut des Chinois. Il parait établi que pendant le siège qu’ont eu à soutenir les légations, 4000 obus ont été tirés sur elles ; les pertes des assiégés ont été de 65 tués et 160 blessés. Toutes les troupes ont pris part à l'assaut, les Français, les Américains et les Anglais sui vaient la rive gauche du fleuve, les Russes et les Japonais la rive droite. Après une vigou reuse attaque, tous entraient dans la ville, et la lutte se continuait, acharnée et terrible, dans les rues. De Shanghai, à la date du 21 août, on télé graphie qu’aprés un violent combat, les alliés sont entrés dans la ville sacrée en faisant une brèche dans les murs à l’aide de la dynamite. Les chrétiens indigènes, au nombre d’environ 4000, ont grandement aidé les troupes. Les drapeaux des troupes internationales flottent maintenant sur le palais impérial, mais la lutte continue avec acharnement dans les rues, et il n’est pas possible d’empêcher les attaques iso lées de la part des indigènes, en raison de la densité de la population et de la configuration topographique très compliquée de la ville. Les mandarins, qui, ces temps derniers, té moignaient plutôt de l’hostilité aux étrangers, ont changé d’attitude depuis les succès des troupes internationales ; ils se montrent à pré sent très empressés à les défendre. On est toujours sans nouvelles précises de la reine douairière, de l’empereur et des mi nistres. On croit que le 10 ils se sont enfuis, avec une escorte de 3000 soldats dans le Shan-Si. Les ministres et tous les membres des léga tions, qui ont résisté si héroïquement, sont heureusement sains et saufs. Li-Hung-Chang a demandé aux puissances d’engager des pour parlers afin de signer la paix : mais on peut se demander au nom de quel gouvernement, puisque l’on n’en trouve plus en Chine. 11 ne faudrait pas cependant que l’on recommence à faire jouer aux puissances un jeu de dupes. Il y a des responsabilités qu’il faut dégager et il faudra aussi payer les indemnités et répara tions légitimement dues ; il faut donc, pour traiter, avoir en face de soi un gouvernement et non un plénipotentiaire quelconque....