Extrait du journal

du pays et augmenté seulement le pres tige de la France. Les événements ont favorisé ces vues ; et c’est en 1881, à la veille des élections générales, que les Khroumirs, dont les incursions et les méfaits datent de loin cependant, ont exigé une répression énergique. Tout d’abord la situation n’a semblé devoir révéler que les réticences coupa bles du gouvernement, ses ignorances, ses maladresses, son manque de prévi sion. Le gouvernement après avoir nié pendant des mois qu’il y eût une ques tion tunisienne s’est décidé, contraint et forcé à avouer à la veille du départ du Parlement, que cette question existait. Il avait nié que des troubles fussent à craindre en Algérie et aujourd’hui il re connaît la nécessité de masser des régi ments sur notre frontière du sud pour contenir les tribus. 11 est parti en guerre, désorganisant, mobilisant, concentrant, éparpillant, s’agitant au hasard pendant trois semaines, à la grande inquiétude du pays et à la trop grandes satisfaction des nos ennemis. Et si grâce, et grâce seulement à la valeur de nos armes, à la fermeté de notre consul à Tunis, à l’aplanissement presque inespéré de nombreuses difficul tés diplomatiques, cette grave affaire arrive à une solution satisfaisante, qui prétendra en tirer la gloire et le profit ? •Ce sera le parti qui a failli tout compro mettre en approuvant et en consacrant tant de fautes grossières universelle ment reconnues. Il se présentera au scru tin avec la plus imméritée des auréoles, couronnée de lauriers menteurs. Il de mandera avec effronterie aux braves cœurs que fait encore battre l’amour de la gloire de lui donner leurs voix. L’op portunisme aura son retour de la guerre avec fanfares, avèc musiques, avec guir landes et vivats ; il tâchera ainsi d’é tourdir le pays, de s’en faire abandon ner sans contrôle toutes les affaires ; il dira aux gens des campagnes économes et pratiques, que la guerre n’a coûté que quelques millions, ne soufflant mot du milliard de l’emprunt qui cependant s’appelait le milliard de la guerre. Le pays se laissera-t-il prendre ainsi au piège ? Et sera-ce trop tard, dans des circonstances encore plus graves et plus critiques qu’on reconnaîtra la leçon qu'aurait pû contenir cette expédition de Tunisie conduite, au double point de vue militaire et diplomatique, par des aveugles, des ignorants et des vantards, des égoïstes sans habileté, des politiques sans prévoyance qui en d’autres temps, ne seraient pas restés une heure au pou voir....