Extrait du journal

sa présence ! Il faut seulement qu# cet acte figure dans ce bilan de l’année 1880. Si la magistrature n’a pas encore été entièrement privée de son indépendance, c’est parce que le Sénat n’a pas statué sur la loi dite de « réforme judiciaire », qui a été votée par la Chambre. Mais une véritable campagne a été entreprise par la presse, aux gages du Gouvernement, pour essayer de déconsidérer, aux yeux du pays, cette magistrature intègre. Les démissions de tant de magistrats amo vibles, dépendant du garde des sceaux, la fermeté déployée par les magistrats inamovibles, persistant sans faiblir à exercer leurs nobles fonctions, ont été autant de réponses mémorables à ces mé prisables attaques. La désorganisation est évidente dans tous nos services publics, et surtout dans notre armée, si unie autrefois, si divisée aujourd’hui. Tout citoyen fran çais n’a plus le droit de verser son sang pour son pays. On a enlevé leur épée à de vieux militaires, à des officiers qui avaient fait leurs preuves pendant la guerre de 1870, et peu à peu la dénon ciation, la délation, se sont introduites dans l’armée. La politique extérieure n’est pas plus rassurante que le reste. On a beau s’ef forcer de nous le cacher, les choses ont été si imprudemment menées, que les complications sont toujours menaçantes et que, sans un mouvement très vif de l’opinion püblique', qui à mis le holà à des velléités belliqueuses, l’Europe serait peut-être en feu depuis longtemps. En cette grave matière comme en toutes les autres, un pouvoir occulte nous gouverne, sans mandat officiel, à la barbe du pouvoir exécutif, heureux du métier de paresseux qu’on lui fait jouer, et inconscient de sa responsabilité. Com ment donc avoir confiance. La France, pourtant, veut la paix, le repos : elle a soif de travail I et sans ces incertitudes, ces fautes successives, ces divisions fa tales à l’industrie comme au commerce, il y aurait eu un courant d’affaires énor me ; tandis qu’il est démontré par tous les chiffres statistiques que l’importation ne cesse pas d’augmenter dans des pro portions de plus en plus inquiétantes avec une ostentation qui ne pourrait tromper que les badauds, M. le ministre des finances a beaucoup parlé de dégrè vements accordés aux contribuables ; mais il s’est bien gardé de répondre à cette simple objection. Comment se faitil que les contribuables paient plus d’im pôts que jamais ? Les arbres se jugent aux fruits qu’ils donnent ; ceux de l’opportunisme sont dé testables et nous en avons, vu mûrir...