Extrait du journal

natal où j’eus le mien. Aussi, à minuit, ma chère enfant, tu arroseras notre réveillon, en l’honneur de la patrie absente, d’un verre de notre illustre petit vin alsacien, le Zabnacker ? Et loi ma bonne Rose de Noël ? tu chauffes tes pieds mignons comme s’ils avaient réellement poussé dans la neige 1 — Cher docteur, je songe aussi, moi, que celle nuit même je suis venue au monde et que votre Rose de Noël a pris racine dans votre cœur généreux. — Cette nuit, voyez-vous, mes enfants, a toujours été la nuit heureuse pour moi. C’est celle où j’épousai ta mère, Sabine, et je la pleurais encore quand, à pareil anni versaire, le bon Dieu t’envoya, toi, ma bonne Rose; et, depuis, je souris quelquefois. Pau vre femme à qui le Ciel compatissant épar gna la vue de la chère patrie meurtrie et... —- Père, à la volonté de Dieu et à la grâce du temps 1 — Hélas 1 je me fais vieux Rappel le-loi l’horloge de notre cathédrale où l'Enfance, l’Adolescence, la Virilité et la Vieillesse frap}tent les quarts — et la Mort, les heures en retournant son sablier. J’enteuds là-bas, déjà, résonner celte heure mystérieuse. En ce moment, un coup de sonnette re-j tentit. Agathe s’empressa d’aller ouvrir — il neigeait si fort — et revint. — Monsieur le docteur, les pauvres me nuisiers de la rue Saint-Victor, vous savez, vous font quérir. Une toux affreuse a pris leur petit dernier. Vite, vile, docteur. Ils sont désespérés, paraît-il, ces braves gens ! — Je pars. Ah I ce maudit croup... Si je puis sauver cet enfant, ce sera le bonheur de ma nuit de Noël, celte année. — Pere, snuve-le et rentre pour minuit au moins, dit Sabine en accompagnant sa recommandation d’un geste du doigt sur son nez effilé. k — Docteur, sans vous, plus de gaîté au réveillon, ni l’oublez pas, appuya Rose I...