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L’Écho de Paris, 1 juillet 1896

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L’Écho de Paris
1 juillet 1896


Extrait du journal

L'une brune, l'autre blonde, toutes deux jeunettes et les yeux grands de candeur, elles se sontarrêtées devant les bureaux de la revue. t : , Là-bas, durant les soirées longues, dans leur silencieuse maison de province, pour se désennuyer, de pleine fougue imaginative, elles ont écrit un grand roman: La maman ne s'explique pas encore comment on a brûlé tant de bougie cet hiver-là. L'œuvre achevée en secret, elles l'ont lue et relue, s'y exaltant certaines nuits jus qu'aux larmes, d'autres fois si confuses de leur lyrisme qu'elles n'osaient s'en parler. Après mille tergiversations, pro fitant de leur court séjour à Paris et ayant esquivé les cousines et les tantes, les voici venues pour jeter furtivement leur rouleau à petite ficelle rose dans la boite de la Revue. Mais la Revue n'a pas de boîte exté rieure. Effarées, elles se consultent du regard. Comment faire ? Remporter le manuscrit? Oh t non ; elles ont eu trop de mal à le dis simuler et là-bas, et pendant le voyage, et chez les tantes de Paris ! Une seconde échappée ne serait plus possible. Il faut donc entrer. Il y au rez-de- chaussée une salle des dépêches : bien sûr,la boite de la Revue se trouve là.. Et, déjà en émoi, elles cherchent vaine ment la sonnette ou le bec de canne jus qu'à ce que, sous leur poussée de hasard, la porte à coulissé s'ouvre d'elle-même. Dans la salle des dépêchés, au pied de l'escalier, elles aperçoivent la boite, mais il y a un vieux Monsieur dans cette salle et tant qu'il sera là'elles cacheront le rou leau sous leur collet. Pour se donner con tenance, elles examinent tout ce qui est exposé, depuis la photographie de l'assas sin de Montrouge jusqu'au pied de carton rosé du coricide russe. Elles en sont à leur troisième tour quand, enfin, le vieux Mon sieur s'en va. Elles courent à la boite et, tournant lo dos à l'entrée, elles poussent ip manuscrit dans l'ouverture béante. Lo rouleau est beaucoup trop gros :il ne passe pas. Si elles forcent, elles vont déchirer le papier, voilà tout. Auront-elles le temps de dénouer la ficelle et de renvelopper le manuscrit en paquet plat? Non, une dame mûre pousse la porte et tout de suite les regarde avec méfiance. Elles en sont telle ment émues que, sans savoir pourquoi, fellos se jettent dans l'escalier. Peut-être au premier trouveront-elles une autre boite, un commis quelconque auquel elles remettront leur rouleau sans avoir rien à dire. Au premier, c'est un grand couloir sombreduquels'embrarichentd'aufrrescouloirs. A droite et à gauche, il y a des guichets. Les deux jeunes filles vont au plus proche et la petite blonde cogne à la vitre dépolie, mais d'un doigt sitinii.de que personne ne répond. Elles y seraient encore sans quel qu'un qui, ga.ssaat derrière elle et lémoia...

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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