Extrait du journal

donné pour tâche de nous prouver que les œuvres d'art ne sont pas des choses sacrées et un peu lointaines qu'on ré vère comme émanant d'un autre monde, le monde du Beau, un peu désuet et inu tile, mais qu'elles ne peuvent être isolées de la vie, de notre vie intime, de notre vie sociale, de notre vie nationale. Quelle belle mission et comme à ce titre il a droit à notre reconnaissance! Le nom de « vernissage » ne convient point naturellement à la journée d'hier au Salon d'automne, pas plus qu'il ne convient à un quelconque Salon ; il y a belle lurette que les artistes ne vernis sent plus leurs toiles devant le public élégant qui se presse ce jour-là devant leurs œuvres ; le nom de Salon lui con viendrait au contraire, car c'est le seul jour, ou presque, où le monde, c'est-àdire les amis, les parents et les artistes entre eux s'y rencontrent et causent. Le noble visage qui - nous accueille dès l'entrée est justement celui d'Eu gène Carrière, évoqué par son fils Jean, un monument dans le style des ymagiers du Moyen Age, à la fois pieux hommage et évocation touchante. Au tour de cette rotonde qu'il domine et où son âme ainsi semble planer, sont...