Extrait du journal

Il y avait deux généraux en bel uniforme, il y avait un député, il y avait mon sieur le maire, dimanche, à Metz, pour cé lébrer la mémoire de ce garçon qui ressem blait à un vieux pauvre et qui était un grand poète, Paul Verlaine.On l'eût bien étonné, jadis, au temps de ses hôpitaux et de ses misères,au temps de ses folies,en lui annonçant de telles gloires, un peu offi cielles ; et on l'eût enchanté, en lui di sant que ce serait dans Metz reconquise : imaginons-le alors confus, timide et l'air bien sage, comme le montre une photo graphie de l'époque de ses fiançailles et de la Bonne Chanson, quasi endiman ché, la -barbe faite, un col et des man chettes, content de sa jolie tenue.Ce n'est pas lui L.C'est lui "pourtant, et plus vrai ment que sous d'autres aspects que sa légende a popularisés : sa légende, vraie aussi, mais pareille aux hasards de sa vie plutôt que pareille à son cœur. Il a vécu à l'aventure et dans un terrible dé sordre. Parfois, prenant son parti de ses fautes et malchances, il se drapait d'or gueil. Ce fut en sa jeunesse. Il revendi.quait de rudes libertés pour « ceux qui sont nés sous ce signe, Saturne ». Il était né dans une petite maison bourgeoise, à Metz ; et il gardait le cœur innocent que sa mère lui avait donné. En dépit des mots, il gardait le .sentiment du péché. A part lui, jamais il n'a fait la théorie de son imparfaite conduite et présenté ses longues erreurs comme le meilleur itinéraire dans l'existence. Voilà ce qui l'a sauvé ; ce sont les doctrines seule ment qui nous perdent : elles pervertis sent l'esprit^ Verlaine eut son ingénuité préservée. Et quand il fut à l'âge où s'apaise le plus fâcheux tumulte sensuel, •les plus simples idées, saintes et naturel les, fleurirent dans son âme avec une exquise fraîcheur. Il chanta, d'une voix délicieusement pure, et sa prière et son amour de la patrie blessée. Il n'était pas anarchiste le moins du monde, mais un pécheur, et prompt au repentir. Son gé nie vaut qu'on l'admire ; et sa bonne volonté lui méritait la récompense qu'il a eue dimanche d'un patriote messin fêté aux jours de victoire. — A. B. LES klNEURS ANGLAIS ACCEPTENT LES OFFRES GOUVERNEMENTALES...