Extrait du journal

Le Suicide du Directeur d'une Banque (Par dépêche de notre correspondant particulier) ' Lille, 1er septembre. Samedi matin, le bruit que le directeur d^une maison de banque de Roubaix .s'é tait suicidé s'est répandu dans la ville, y soulevant une émotion considérable. Voici ce qui s'était passé : . ; Une banque régionale, installée naguère à -l'angle des rues Nain et Nationale, à Roubaix, -sombrait, il y a une dizaine d'années, et le directeur fut condamné à la peine d'emprisonnement qu'il subit encore. Cette banque fut réinstallée avec des ga ranties paraissant sérieuses et elle est, ac tuellement, située au numéro 14 de la rue Saint-Georges. Elle est désignée sous le nom de. Comptoir d'escompte du Nord. C'est une société anonyme au capital de deux millions et le capital versé n'atteint pas 600*000 francs. Le directeur, M. Marquis, âgé de qua rante-deux ans, est gendre d'un Roubaisien très honorablement connu sur la place, M. Hennocque, qui tient l'hôtel de la Bourse, Grand'Place. Vendredi matin, plusieurs actionnaires de cet établissement financier apprenaient que des personnes qui s'étaientprésentées aux guichets, rue Saint-Georges, dans le but de faire retrait de fonds, avaient eu toutes les peines du monde à obtenir satisfaction. Un des actionnaires se présenta alors à la caisse et demanda â parler au directeur Marquis. Un des employés lui répondit que ce dernier était venu le matin de bonne heure au bureau, qu'il avait "signé son courrier et mis ordre dans quelques papiers. Il avait énsuite déclaré qu'une affaire urgenté l'appelait en Belgique. Ce dernier détail était erroné. M. Marquis avait tout simple ment pris le premier express pour Paris où il était allé rejoindre ses beaux-parénts qui se trouvaient dans cette ville depuis quelques jours. Lés membres du conseil d'administra tion du 'Comptoir d'escompte du Nord tinrent une courte réunion pour examiner les opérations de Marquis ; ils acquirent la certitude que dés malversations avaient été commises et quela maison se trouvait de ce fait dans une situation des plus dif ficiles. Ils résolurent, en conséquence, de déposer leur hilan, le lendemain, an tri bunal de commercé. M. Marquis était rentré de Paris ven dredi à midi; il se rendit au domicile de ses beaux-parents et s'enferma dans une chambré à coucher où il écrivit une lettre à M" Chatteleyn pour l'informer qu'ayant commis des détournements pour un chiffre important il se donnait la mort. La lettre parvint à l'intéressé dans -la matinée de samedi. " Vers-six heures et demie du matin, le directeur de la Banque se tirait un coup de revolver dans la tempe droite. La mort fut instantanée. La mort de M. Marquis fut connue dans la matinée et elle causa* on le conçoit, une vive émotion; Le Comptoir d'escompte du Nord a déposé son bilan. La liquidation judiciaire est prononcée. Cette banque a une clientèle d'employés, de petits bourgeois et de rentiers et" les "victimes seront par conséquent nombreu ses et intéressantes. Marquis aurait fait personnellement au marché à: terme quel ques opérations malheureuses avec des...