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L’Écho de Paris, 4 février 1895

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L’Écho de Paris
4 février 1895


Extrait du journal

Î>as plus qu'à l'époque de la conquête où es Barbares fondèrent la propriété et la société rudimentaire sur l'asservissement féminin. Ce qu'on ne saurait nier, c'est, aux classes inférieures, la supériorité réelle des femmes, combien elles l'em portent en finesse, en intelligence, en déli catesse sur leurs époux ou leurs amants. *** Plus j'avance sur le chemin des ans, plus je me dégage des opinions livresques, des préjugés d'éducation, de milieu, plus j'apprends l'humanité par le contact avec la vie : plus je respecte les femmes et j'apprécie leurs qualités. Elles sont braves; je ne parle point du courage physique qui est naturel à la force : elles ont la vaillance morale, d'une autre importance. En mon existence combattive, il me fut donné d'as sister à des spectacles lamentables. J'ai vu des batailles et des défaites. Nul moment et nul milieu n'ont fourni plus merveilleux exemples de lâcheté que le nôtre : le règne de l'argent avec les vilenies, les basses ses concomitantes a déprimé les carac tères et créé l'unique morale du succès, mais malheur à qui trébuche ou tombe ! Vingt chacals, ses amis, ses commen saux, ses complices de la veille, se ruent sur le cadavre pour en empoisonner les plaies ou pour le dévorer. Entre les cla meurs hypocrites et féroces, au milieu du chœur hideux de lâcheté, seules les fem mes restent fidèles aux vaincus et clémen tes aux déchus. Elles ne considèrent ni les accusations ni les fautes; elles ne craignent pas de se déclarer; elles ai ment, elles ont pitié, voilà tout ! Cette pitié tout instinctive, cette prédominance des raisons du cœur les placent en dehors de la morale courante, au-dessus des lois. Une femme aimera un voleur, un assassin, malgré son vol, mal gré son crime ; elle ne les lui reprochera jamais, elle n'en sentira pas la honte, elle n'en subira pas la réprobation, parce que son amour anéantit tout autre sentiment, parce que de son cœur coule une source inépuisable de dévouement et de pitié, de sorte qu'elle sera d'autant plus fidèle à son amant ou à son mari qu'il sera plus malheureux. Cette pitié ne rayonne pas seulement dans notre divine foi chrétienne, elle nous est transmise par la conception bouddhique comme un attribut de la femme. A cette amène restitution du Chariot de terre cuite,oh nous fûmes conviés l'autre mois, n'admirâmes-nous pas la courtisane Vasantasena, toute dévouée d'amour au pau vre brahmine et qui donnait sa litière au bon larron pour s'enfuir. Entre toutes les créations du génie humain, entre les fictions Îue conserve l'espritcomme dans un temple e gloire, je n'en sais pas de plus belle et de plus émouvante que celle de Dos-...

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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