PRÉCÉDENT

L’Écho de Paris, 4 juillet 1895

SUIVANT

URL invalide

L’Écho de Paris
4 juillet 1895


Extrait du journal

Il était cinq heures du soir. On avait semé, l'après-midi durant, une petite neige parcimonieuse. La nuit tombait. Je m'é tais aposté près de la grande maison som bre. Et je vis des choses que les passants Affairés n'avaient pas l'air de voir. Sous la large porte, des gens de tout âge et de toute condition allaient .et venaient, les uns violemment, les autres à pas lents, comme des ombres éternelles. Je vis sor tir une vieille dame hautaine, qui avait dû être belle. Elle tenait à la main un long poignard, gainé de cuir florentin. Elle passa devant moi sans me regarder et disparut dans la foule. Et presque au même instant, la suivant à quelques pas, sortit un étrange petit vieillard, à la barbiche rude, lequel boi tait. et marchait précipitamment, et tenait sous son'bras droit une vieille mandore. Et le vieillard, lui aussi, disparut parmi les passants. -Mais voici qu'une autre vieille femme quitta à son tour lagrandëmaisonsombre. Celle-là était courte et large. Elle serrait contre sa poitrine un coffret de bronze. Elle s'arrêta un instant Sur le seuil, parut hésiter, et se. perdit dans la foule. Où donc s'en étaient allés ces mysté rieux personnages, la vieille dame au poi gnard, le vieux monsieur à la mandore, et l'autre vieille dame au coffret de bronze ? Mais ce n'était pas pour me poser de telles questions que je stationnais depuis trois quarts d'heure devant le sombre bâtiment de l'Hôtel dès Ventes. Il faut vous dire que, la veille au soir, j'avais fait la connaissance d'une femme mariée, d'une grosse femme mariée, de trente-deux ans, à qui j'avais donné rendez-vous, à ce coin de la rue Drouot et de la rue Rossini. Mes affaires avaient marché rondement. Rencontrée aux abords de la gare?-- Saint-Lazare, la grosse dame mariée toléra que je mar chasse à ses côtés. Nous causâmes. Quand j'eus appris qu'elle était de bonne famille, qu'elle avait pour mari un commerçant honorable, je l'invitai à dîner pour le soir même, en cabinet particulier. Mais elle était attendue chez elle. Elle accepta mon rendez-vous pour le lendemain. Je l'ac compagnai jusqu'à son train et je pris in continent une voiture pour aller conter là chose à mon ami Edouard.' Edouard me demanda si la grosse dame était jolie. Je répondis : « Non, pas préci sément. » (C'était en effet une grosse dame sur la beauté de laquelle les avis pouvaient...

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

En savoir plus
Données de classification
  • merwart
  • madame henry
  • henry
  • tailhade
  • j. bosati
  • paul bourget
  • a. benazet
  • crafty
  • buffet
  • jean de pierre
  • paris
  • france
  • conflans
  • poissy
  • montpellier
  • trouville
  • andrésy
  • new-york
  • achères
  • chicago
  • assistance publique
  • la république
  • drouot
  • cercle fermé
  • faits divers
  • j m.
  • parlement
  • parti socialiste
  • ecole polytechnique
  • académie française