Extrait du journal

|| aurais bien voulu vous parler d'auII tre chose ; mais l'obsession est HjF là qui m'étreint et m'impose le sujet. A-t-ou parlé d'autre chose hier, à table, dans la rue, dans l'autobus, au métro, dans le train... et même dans les salles de rédaction ? Non, n'est-ce pas ? Où que l'on fût, on n'entendait parler que d' « eux ». « Ils » ont fait ceci ; « Ils » ont dit cela. Et chacun de citer un détail, un souvenir, un mot, lu ou en tendu quelque part. Tout cela dans une atmosphère de satisfaction, de chaude sympathie, qui rapprochait les esprits et les cœurs. Mon ami Gaston était particulièrement enthousiaste. Je dois vous dire que mon ami Gaston tient honnêtement, dans un quartier central de Paris, commerce de je ne sais quoi ; il est rangé, placide et peu communicatif à l'ordinaire, je l'ai trouvé dans l'après-midi sur mon che min et je le soupçonne de s'y être mis pour me faire ses confidences : — Quelle belle soirée « Ils » mont fait passer l me dit-il tout de go. Ça a commencé au dîner. Tu sais que ma salle à manger donne sur une grande cour. En face, au-dessus, à côté, s'ouvrent sur cette cour les fenêtres de logements ha bités par des employés, tous braves gens. J'avais mis ma T.S. F. et nous écoutions les nouvelles données par Radio. «- Ils » sont là... On « les ® a vus... On « les » a entendus... « Peu à peu, les - fenêtres de la cour, toutes les fenêtres, se peuplèrent ; des têtes attentives s'y entassèrent, du haut en bas. Chaque fois que le haut-parleur annonçait : ; « Voici. le dernier càblogramme reçu... » c'étaient des « Chut 1 » « Attention .1 ». « Venez vite, Madame....