Extrait du journal

LA POLITIQUE ' Tandis qu'on amuse la galerie avec des broutilles, les vrais meneurs de la cam pagne eu faveur de Dreyfus, connaissant le fond du sac, multiplient leurs efforts soit pour amoindrir les dépositions gra ves qu'ils savent devoir être apportées par les anciens ministres dé la guerre> soit pour les écarter, s'il est encore possible. M. Delcassé est parti pour Berlin et Saint-Pétersbourg afin de négocier à ce sujet et ici, par avance, on essaie de dé montrer que tout ce que pourra dire le général Mercier n'a aucune importance. Et cependant on a bien peur qu'il tienne la promesse qu'il a faite de parler nettement et de telle façon que les juges soient obligés de se prononcer entre son affirmation et .les dénégations du con damné de 1894. L'émotion qui a gagné le pays entier, dont on retrouve partout les manifesta tions les plus vives lorsqu'on s'éloigne seulement pour quelques heures de Paris, croît à mesure que nous approchons de l'ouverture des débats. Or un seul cri s'élève sur tous les points, c'est que la lumière doit être projetée d'une façon tellement intense sur les côtés restés jus qu'ici dans l'ombre qu'il ne soit plus pos sible à personne de s'élever contre un étoufi'ement qui d'ailleurs serait l'aveu le plus évident de la culpabilité. Que le dossier secret soit communiqué à huis clos, si l'intérêt supérieur de notre service de renseignements l'exige, on n'y trouvera pas à redire, si, d'autre part, les anciens ministres de la guerre, le général Mercier en tète, ont toute liberté de s'ex primer et d'apporter leurs preuves. C'est donc on-vain -que l'on cherche déjà, avant de les connaître, à amoindrir la portce'de ces témoignages. Les jugea...