Extrait du journal

Conseil à des jeunes Es paisibles voyageurs qui, hier, sur le coup de midi, s'étaient installés dans les wagons d'une rame en partance à la station du métro Vincennes, virent soudain surgir en trom be et s'engouffrer dans les compartiments plusieurs centaines de jeunes gens qui paraissaient très excités. Les personnes d'âge mûr sourient volontiers aux moins de vingt ans ; leur indulgence puise dans la, sagesse des nations des formules telles que « il faut que jeunesse se passe » et « on s'amuse comme on peut ». Tout de même, il ne faudrait pas que les jeunes gens exagèrent, surtout quand, comme ceux d'hier, ils appartiennent à une élite; or, ils ont exagéré, terriblement exagéré. D'abord, ils ont négligé de pren dre, au guichet, le moindre billet, ce qui est nettement indélicat. Puis, une fois le train parti; ils "Se sont mis à pousser des cris de fauves ; j'entends bien que tous étaient étudiants d'écoles coloniales et qu'ils venaient de visiter le musée des co lonies; ce n'était pas une raison pour se comporter en sauvages... Sauvages, ils le furent jusqu'au bout profitant de ce qu'ils étaient le nombre — deux cent cinquante, dit-on — ils se com portèrent Comme se comportent les sou dards en pays conquis. Le matériel en pâtit; mais ce qui est plus grave c'est qu'une panique faillit se produire, dont les "conséquences eussent été tragiques. Les jeunes gens, en effet, imaginèrent de décrocher les ampoules électriques d'un wagon de première classe, plongeant les voyageurs dans une affolante obscurité. Sont-ce là facéties permises, même à des étudiants ? Nul n'osera le soutenir. Qu'ils réfléchissent, ceux qui se sont li vrés à ces excès; et aussi ceux qui se raient tentés de lès imiter. Des exploits de ce genre sont indignes de jeunes gens cultivés qui, demain, seront aux pays lointains les représentants de la civilisation. Prospër....