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L’Écho de Paris, 6 février 1893

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L’Écho de Paris
6 février 1893


Extrait du journal

H Mon frère, Simon . Heurloup, ayant perdu sa première femme Sidonie, s'était remarié avec une veuve d'Avallon, une grande forte brune qui avait de l'argent au soleil. Ce n'était" pas une mauvaise femme, mais elle aimait commander, et la fille de Simon, ma nièce Irène, qui avait dix-huit"ans, et qui depuis la mort de sa mère dirigeait la ferme, ne pouvait voir que de mauvais œil l'étrangère qui venait lui prendre tout des mains et la dépossé der de l'autorité dans sa propre maison. Mon frère était b^n, mais faible ; il sen tit si bien que les choses n'iraient pas longtemps ainsi, qu'il essaya de se débarser d'Irène en la mariant au plus vite. Mais elle était fière, et tout le monde ne lui plaisait pas. Elle avait le caractère opi niâtre de la pauvre Sidonie, avec cela de l'esprit, une grande entente de la vie pra tique et, ce qui ne gâte rien, une beauté robuste et saine, une fleur de teint blanc et rose, des yeux noirs-veloutés, et des cheveux comme on n'en avait jamais vu, des cheveux annelés qui, lorsqu'elle les dénouait, traînaient par terre et l'enve loppaient d'un manteau noir. Un jour que je revenais de la chasse, le carnier lourd, P y rame tirant la langue derrière moi, j'aperçus de loin, assise sur le banc de pierre qui est près de la porte de la maison, une femme enveloppée de sa cape et immobile dans le crépuscule ; c'était Irène. Elle me sauta au cou et m'en traîna vivement vers les champs, en di sant : — Il faut que je vous parle, oncle ! Je ne veux plus rester chez mon père, tous les jour s ma belle-mère me fait des ava nies nouvelles; hier nous avons eu une grande discussion à la suite de la quelle je me suis bien promis de ne plus rentrer à la maison. Je viens vous de mander de me prendre avec vous. Je ne vous gênerai pas, je suis travailleuse, je me lève tôt. Bien des fois, je vous ai en tendu dire que le ménage d'un homme seul n'est .pas tenu comme celui où il y a une femme. Vous verrez comme je tien drai bien votre maison. Mais gardez-moi, ne me forcez pas à rentrer chez ma bellemère, car je vous assure, je ferais un malheur! " Elle était si surexcitée que j'eus peine à la calmer. Quant à,la ramener à d'autres sentiments, impossible. Elle répétait tou jours : — Je ferais un malheur ! Et quel malheur peut-il arriver à une belle fille, sinon de se faire enlever par un mauvais garçon, et ensuite d'être malheu reuse toute sa vie ? Je lui dis donc : ' —Ehbien, tu vas souper et passer la nuit dans la chambre bleue.Mais que dira ton père? ■ Elle répondit : — U ne sera pas inquiet. Eu allant à la...

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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