Extrait du journal

NOUVELLE A LA MAIN Entendu, hier soir, à l'Alcazar d'Hiver. Dans une loge, un cercleman flanqué d'une horizontale de marque qui tâte, par intermittences, du café-concert. Le monsieur. — C'est étonnant comme cette petite X... a fait des progrès depuis un an ! La dame, très pincée. — Ma foi ! elle est si laide... Elle a eu le temps de tra vailler ! L3 NAIN JAUNE, LÀ TOILETTE . vMadame. — La couturière est-elle arrivée? La femme de chambre. — Pas encore, Ma dame. Madame. — Et la modiste ? La femme de chambre. — Pas davantage. Madame. — C'est inconcevable ! Je n'ai rien à me mettre pour aller au congrès féministe. Elles m'avaient pourtant juré qu'elles seraient exactes. Gela m'ennuierait beaucoup de man quer la séance. La femme de chambre. — Madame a sa robe vert d'eau. Madame. — Vous êtes folle, Louise ! Ma robe vert d'.eau! C'est une robe que je mets pour le théâtre. , La femme de chambre. — Eh bien ? Madame. — Et vous supposez que je peux avoir la même robe pour le théâtre que pour le congrès ?... Toutes ces dames se moqueraient de moi et elles auraient raison. D'ailleurs, q.uàh*d même je serais assez maladroite pour mettre ma robe vert d'eau, je n'aurais ' tou jours pas de chapeau. La femme de chambre (souriant). — Oh! Madame!... Madame. — Je vous dis que je n'aurais pas le chapeau qu'il faut pour revendiquer les droits de la femme avec autorité. La femme de chambre. — Quel est le pro gramme de la séance aujourd'hui? Madame. — Lé suffrage universel et les femmes. Je dois même y prononcer un- dis cours que je prépare depuis un mois. La femme de chambre. — Vous, Ma dame? Madame. —Moi. Et c'est pour cela que je suis furieuse que la couturière et la modiste me fassent faux-bond. J'avais combiné un chapeau et une robe pour monter à la tribune, — un chapeau avec un bouquet d'œillets mibleus, mi-orange avec des plumes de colibri à droite, — et une robe mauve pâle. Le dis cours était fait dans lo ton de la mauve pâle et pour ce chapeau. Il n'aurait plus aucun...