Extrait du journal

Intérieur bourgeois Madame (à la cuisinière). — Monsieur n'est pas encore rentré à cette heure-ci : c'est étonnant. La cuisinière. —Mon dîner va être brûlé et monsieur sera de mauvaise humeur. Madame.—Huit heures et demie! Il lui est sûrement arrivé quelque accideni ; je suis très inquiète. La cuisinière. — Attendons jusqu'à mi nuit. Dame ! si monsieur n'est pas rentré pour dîner à minuit Madame. — Vous ne savez pas ce que vous dites... Je vais sortir m'informer... (On entend une clef tourner dans la ser rure.) La cuisinière. — Voilà monsieur! Monsieur (embrassant sa femme). —Je suis un peu en retard. Il ne faut pas m'en vouloir... un petit accident... Madame. — Oh! mon Dieu!.. Monsieur. — Ne t'effraye pas, ce n'est rien du tout. (Donnant son pardessus.) A propos, n'oubliez pas de recoudre tou's les boutons, ils ont été enlevés par l'explosion... Madame. — L'explosion... de quoi ? Monsieur. - De dynamite. Madame (rassurée). — Ah ! J'ai craint un instant que ce ne fût plus grave (Riant.) Et ton chapaau, mon pauvre chéri, dans quel état il est ! Il a bien besoin d'un coup de fer... (Négligemment.) Gomment s'est-il produit ? Monsieur. — Nous étions au bureau, tous. J'étais en train d'écrire. Tout à coup une dé tonation épouvantable. Pas moyen de s'y tromper. Je me dis : « C'est encore un anar chiste! Ça devient monotone ». Les vitres volent en éclats, la porte est enfoncée et je reçois quelques vagues projectiles. Au fait, j'en ai un dans la cuisse, il faut que je pense à l'enlever (Il Venlève. Madame l'aide.) Madame. — Pas d'autres blessés? Monsieur. — Dupont, mon collègue, que tu connais, a eu une épaule fracturée, et le garçon de bureau a le nez coupé en trois morceaux. C'est tout. Madame. — A-t-on arrêté le criminel ? Monsieur. — Parfaitement ; on l'a conduit au poste. Le commissaire de police lui a flan qué une semonce et lui a dit en le relâ chant : « Vous, la première fois que vous recommencerez, ça ne se passera pas comme ça! » Le dîner est-il servi? J'ai une faim! ALFRED CAPUS. —: X'Echo de paris est une tribune libre du haut de laquelle peuvent se manifester toutes les opinions. Nous sommes heureux de publier aujourd'hui le premier article d'une série intitulée : Piéflexions d'un indé pendant, dont nos lecteurs apprécieront la haute valeur.'. RÉFLEXIONS D'UN INDÉPENDANT...