Extrait du journal

La Chambre adopte par 345 voix contre 19( un projet simplifiant la discussion du budget Mais les socialistes décident d'organiser l'obstruction... La Chambre a consacré sa séance d'hier matin à la discussion du projet de loi instituant, à titre exceptionnel, une procédure permettant le vote ra pide du budget. Voici le texte de ce projet, qui, la veille, avait été repoussé à la com mission des finances par 20 voix contre 19 : • Article unique. — « A titre exception nel et par dérogation au premier alinéa de l'article 30 de la loi du 16 septembre 1871, les crédits applicables au budget de l'exercice 1936 donneront lieu à des votes globaux portant sur l'ensemble des crédits, tels qu'ils figurent à chacun des états de répartition annexés à la loi de finances. Toutefois, l'état de répartition des crédits du budget général fera l'objet d'un vote par département ministériel. » En séance publique, les orateurs d'extrême-gauche développèrent sur abondamment lès..arguments dont ils s'étaient servis la • veille à la com mission, .et M. Jules Moch n'hésita pas à invoquer ses grands ancêtres, les paysans dauphinois, qui, dit-il, avant la Révolution française, jouissaient du • droit de discuter l'impôt, droit qu'on veut enlever aujourd'hui même aux députés! — Ce qui intéresse les paysans, re marqua judicieusement M. Guérin, ce n'est pas de discuter les impôts : c'est d'en payer.moins. — On veut, dramatise, M. Moch, faire voter à la Chambre le budget-croupion d'un Parlement de dictature. Fermez la maison, ne la ridiculisez pas ! C'est déjà fait depuis longtemps! M. de Lasteyrie, au contraire, prit la défense du projet. Ses arguments, simples et forts, firent impression. Le meilleur moyen de défendre le Parlement, dit-il, c'est de le discipliner en le mettant à même de voter le bud' get en temps utile. » M. Moch a fait l'historique de et droit de contrôle. Il a oublié de dire que dans les temps anciens le Parlement n'avait qu'un droit : celui de réduire les, dépenses et non celui de les augmenter. En Angleterre, pays où les institutions ; parlementaires sont les plus partaites, es députés n'ont pas le pouvoir d'aug menter les dépenses. Le résultat, c'est que le budget anglais est en équilibre, et que l'Angleterre peut faire sa conver sion à 1 et 1 1/2 %. » L'ancien ministre des Finances sou ligne l'effet psychologique heureux qu'aurait, devant le pays, le vote du budget dans les délais normaux. Les affaires ne demandent qu'à reprendre, mais encore faut-il que le Parlement donne l'exemple du labeur utile et de la tranquillité. (Voir la suite à la troisième page)...