Extrait du journal

fenêtres du Louvre étaient closes. Dix heures allaient bientôt son ner ; Henri IV se trouvait dans le grand cabinet, où Marie de Médicis était alitée. Demeuré dans la cham bre de sa mère, le Dauphin, âgé de huit ans, s'impatientait : — Mon père, criait-il à travers la porte, vous plaît-il que j'entre au cabinet de là Reine ma mère ? — Non, pas encore, répondit la voix d'Henri IV ; attendez ici. — Mon frère de Vendôme y est bien, répliquait l'enfant, jaloux de son frère naturel, fils de Gabrielle d'Estrées, un légitimé, qui avait atteint l'âge respectable de quinze ans. Le Dauphin s'impatientait, car il brûlait de voir l'enfant que la Rei ne était sur le point de mettre au monde. H y avait quatre jours .qu'il était des plus affairés : il avait dé logé de sa chambre du rez-dechaussée, que l'on préparait pour le nouveau-né. Il avait accommodé lui-même le berceau, mis les ma telas, il « s'était couché dedans » avec Vaillant, son petit chien,èt s'y «était fait bercer». Mais voici que s'ouvre, la porte du grand cabinet : l'enfant est né depuis quelques instants. C'est une fille ; on l'a déjà transportée dans le petit cabinet du Roi. Le Dauphin y court après avoir salué sa mère. Quelle joie d'introduire ses doigts dans le-petit poing fermé de sa sœur : « Riez, dit-il, riez, ma sœur ; riez, riez, petite enfant, voyez comme elle me serre la main ! » DUC DE LA FORCE, de l'Académie française. (Voir la suite à la cinquième page)...