Extrait du journal

Conduisant lui-même sa voiture, M. Ca mille Chautemps se rend à la Chambre festement épuisé par l'effort inoui fourni au cours de ces dernières se maines. Il parle cependant d'une voix ferme et son geste achève de façon nette sa pensée. , Puisse ne pas s'évanouir si tôt l'instant d'unanimité que vient de faire vivre à la Chambre l'émouvant discours de son président. Depuis sa séparation, un événement important s'est produit. Le 31 décembre, la situation financiè re ne donnait aucune inquiétude. Tout à coup, il y a quelques jours à peine, une émotion s'est manifestée qui a eu sur le marché des changes une gra ve répercussion. « J'ai pensé que je devais prendre con tact à ce sujet avec les Chambres dès leur réunion. Rien dans notre situation financière, ne peut justifier les alarmes qui se sont fait jour. Le budget est en équilibre, la trésore rie est en mesure de faire face à tous les besoins du trimestre et le prélève ment fait sur ses ressources pour rem bourser l'emprunt de Londres était plu tôt le signe d'un renforcement du crédtt de la France. Mais d'autres causes ont joué : il y a eu recrudescence des agitations sociales, et il y a eu exploitation de ces agitations. Suit le récit des troubles récents et de l'action du gouvernement. Le gouverneirient n'admet pas la révolte des services publics contre la nation H y a eu une grève des services pu blics : le gouvernement a pris contre elle les mesures qui s'imposaient, sans jouer bien entendu le double jeu que voulaient faire croire certaines insinua tion outrageantes. Il n'admet pas la ré volte des agents des services publics contre là nation. • Les communistes et l'aile gauche du parti socialiste demeurent frappés df stupeur devant une condamnation qui flétrit si nettement leur attitude d'a gitateurs. Le président du Conseil définira d'un mot la « maladie morale du pays » en évoquant pour un instant la triste affaire du C.S.A.R. Les com munistes en. profiteront pour se dé chaîner contre la minorité — si l'on ose encore parler de majorité et de minorité — et il faudra attendre de longues minutes pour que M. Chau temps puisse reprendre son dicours. Devant certaines attaques spéculatives, on peut comprendre qu'un sentiment de révolte oriente certains vers des systèmes de contrainte, tels que" le contrôle des changes. Mais quels risques une pareille mesure ne ferait-elle pas courir à la li berté et à la paix sans qu'on puisse être certain d'en obtenir un résultat utile. Volonté de paix sociale, volonté de sagesse financière pour donner les fruits nécessaires doivent être assorties d'une garantie du Parlement. Je demande donc à tous les groupes de se réunir pendant une suspension de séance, d'examiner à fond l'analyse que je viens de faire, et. s'ils prennent parti pour sa formule de liberté monétaire, je leur demande de vouloir bien aider le gouvernement à l'appliquer au lieu de se laisser aller à la tentation de le cri tiquer chaque jour., Je ne puis continuer à gouverner si je n'ai le sentiment d'être en accord avec ceux auxquels le gouvernement doit son existence. .. Je demande une loyauté, une confian ce réciproques et fais appel au sentiment du devoir du parlement républicain. C'est au surplus devant le pays que je pose aujourd'hui la question de confian ce. Je demande A mes collègues de peser...