Extrait du journal

Les Médailles d'argile HÉLÈNE Moi que courbent le fouet et la rame servile, Captif, ma tête est blanche et je songe à' la Ville Debout jadis et haute autrefois sur la mer. La lame bat toujours le rivage désert Où le sable marin reste môlé de cendre; Mais l'eau du Siraoïs et l'onde du Scamandre Ne désaltèrent plus ma bouche, et l'âpre vin " Du maître, à l'outre bu en secret, fait en vain Chanter mon désespoir et rire ma tristesse, Et mon pied croit encore en sa menteuse ivresse Fouler le sol natal et toucher du talon La pierre de la route et l'herbe du vallon Et, lorsqu'à l'Occident l'or du soleil rougeoie, Voir s'empourprer au ciel le fantôme de Troie! 0 douleur! je revois le rempart où l'assaut Ruait ces rudes rois et ces rauques héros, La porte qui s'ouvrait toute grande à l'aurore Sur la plaine poudreuse, éclatante et sonore...