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L’Écho de Paris, 14 octobre 1889

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L’Écho de Paris
14 octobre 1889


Extrait du journal

traite philosophie. A quoi bon crier: « Guerre aux hommes ! » comme faisait jadis la blonde Olympe; quand le sort, maître de toute? choses, veut que nous finissions toujours par capituler?, Car la capitulation, fût-ce par le mariage,, est la; .fin ordinaire des révoltées, et — heureui sèment — les «'.'Georges »:en culottes finis sent par être des grànd'mamans Sand, en ; cheveux blancs, très vénérables. s Au moins, parlez-moi des révoltées américaines ?, Celles-ci n'y -vont pas de main morte et ne ^'arrêtent pas en, che min. De la révolte j elles passent à la ; grève. Elles viennent de fonder un jour; nal à New-York, écrit, composé, imprimé par des femmes, journal destiné à prêcher la mise en quarantaine des hommes et qui refuse même, l'insertion des annonces de mariage, au nom de l'indépendance féminine. Plus d'amour et préparons la fin du monde t Pour supprimer la tyran nie de l'homme, supprimons la douce ty rannie de l'enfant... En y réfléchissant bien, les émancipatrices en arrivent pres que toutes à quelque folie de ce genre. Et puis — on va dire que voilà bien ma cor ruption qui se montre en son plein — j'ai de la méfiance pour les femmes qui pré tendent se suffire à elles-mêmes et se montrent si dédaigneuses des hommes : presque toujours, elles se mettent à deux pour témoigner de bë mépris, et cette trop haute vertu prend vite je ne sais quelle odeur de vice. Ce n'est pas que ma petite cervelle soit hostile au progrès. En politique même, je. voudrais que nous puissions légalement jouer un rôle plus utile et plus sérieux que celui où nous avons ; coutume. Nous avons, au moins, un mérite que les hom mes n'ont pas toujours, celui du dévoue ment et de la fidélité. On n'a pas assez remarqué que ce que la fin piteuse du gé néral Boulanger.garde de touchant, c'est à une femme' qu'elle le doit. Lâché par tout le monde, il ne l'a pas été par la « dame » qui l'accompagne. Cette dame, il l'appelle, selon les cas, sa fille, sa cou sine ou sa nièce, ce qui est d'un sot, qui ne sait ni respecter les lois du monde, ni se moquer du qu'en-dira-t-on. La vérité, c'est que c'est sa maî.tresse: et, quand chacun la blâme, moi je suis frappée de la constance de sa foi qui voit toujours, au ciel,l'étoile de son amant,obscurcie parles, nuages et disparue aux yeux de ses parasi tes d'hier. Seulement je regrette, puis qu'une femme était dans l'aventure, au su de tous, qu'elle n'ait pas été l'Agnès Sorel delà chanson, rendant son amant à l'hon neur. J'attendais mieux d'une femme que ce perpétuel dérobement devant toutes les audaces et toutes les responsabilités. Il me semble qu'une femme aurait dû trouver l'heure, l'heure où l'on est toujours écou tée, pour dire à son amant le : « Va te battre » de la marquise de Presles, qui n'était pas une émancipatrice, la pauvre petite bourgeoise, fille de M. Poirier, mais qui était une rude femme et une exquise créature tout de même ! Non. Chiffonner et être chiffonnée ne me paraît pas être le lotdes femmes. Elles ont mieux ou, du moins, elles ont encore autre chose à faire, que cela. Mais avant de changer la face du monde, qui ne se change pas si vite que cela, même en in troduisant sous la vieille société le pétard Marcilléen, je crois que nous ferons bien de commencer par venir en aide à celles dé nous qui travaillent et éprouvent dos souffrances qu'elles n'exhalent pas en hexamètres pompeux. Avant de suivre ies .bas-bleus sur les hauteurs où leur esprit les mène, sachons nous pencher, en bas, sur les ouvrières.,Une brave créature qui travaille, reste honnête, se marie — je dirai même : qui aime — a des enfants, les élèves et meurt, calme, sa tâche accom plie, fait plus par son exemple, pour nous, que toutes les gazetières du monde. De ces femmes, il en est ,d<3s centaines et des milliers, qui ne sont pas infectées de l'esprit de prosélytisme, si proche pa-, rent de l'esprit de ' réclame, et on ne sau rait trop s'occuper de leur venir en aide. Allez, rue Chauchat, à l'exposition et à la vente de la Société des ouvrières... A voir tout ce travail des doigts de fées de nos ouvrières de Paris, un je ne sais quoi de doux vous émeut le cœur. En regardant ces travaux, j'entendais comme chanter autour de moi la pensée de celles qui, en de longues heures, les avaient accomplis. Tandis que les doigts vont sut le métier, l'âme veille. TEt à quoi rêve une honnête femme qui travaille ? Toujours à quelque chose de bon, au vieux père qui en attend quelque douceur, à l'enfant ou au fiancé, pour qui on épargne, car il faut de l'argent pour se mettre en ménage. Ces femmes qui peinent ainsi, que souhaitent-elles ? Bien peu de chose : un peu d'aide, qu'on pourrait leur donner demain, si l'orgueil des émancipatrices daignait s'abaisser jusqu'à celles, qui ont vraiment besoin d'être émancipées. Mais c'est plus facile et plus brillant de déclamer, et même d'ex communier un peu... Seulement, dans la mystérieuse balance où l'avenir pèsera les actions humaines, quand il s'agira de -juger lés femmés d'aujourd'hui, le moin dre acte de pitié, la moindre marque de tendresse efficace l'emportera sur tout. Savez-vous pourquoi tout

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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