Extrait du journal

Blâmé par bien des gens, approuvé par ses supérieurs hiérarchiques,, discuté par tout le monde, M. le commissaire de police Fouquet est un homme à la mode. La façon énergique dont il s'est conduit dans une circonstance récente a attiré sur lui tous les regards. Doré navant, les jeunes filles y regarderont à deux fois avant de sortir avec dix-huit francs dans leur poche. Désireux de connaître le sympathique ma gistrat, j'arrivai au commissariat de police, muni d'une lettre de recommandation. Je rencontrai M. Fouquet juste au moment où il franchissait la porte. Il fut très aimable et au lieu de me faire entrer dans son cabinet, m'entraîna dans un café voisin et me de manda quelle consommation je désirais pren dre, ce que peu de magistrats auraient fait à sa place. Je dis : « un bock », on lui en servit un également. Nous causâmes pendant un quart d heure de choses et d'autres; il me dit beau coup de bien de M. Lozé et me donna des dé tails très curieux sur la prison de Saint-La zare. Puis il me raconta les histoires piquan tes auxquelles il avait été mêlé pendant sa carrière. Rien n'est intéressant comme la con versation d'un commissaire de police : on ne se lasserait pas' d'écouter. Mais les devoirs de sa charge l'appelaient. Il porta la main à sa poche. Voyant qu'il avait l'intention de payer les deux bocks, je l'arrêtai: — Pardon ! fis-je. C'est ma tournée. Je remarquai qu'il me jeta un coup d'œil en dessous. Je tirai une pièce de cinquante cen times et quatre sous et je les plaçai sur la table. Prompt comme un chat, M. Fouquet posa une main sur ces valeurs et de l'autre me ; saisit le bras : — Où avez-vous pris ces quatorze sous ? me demanda-t-il d'une voix étranglée. • £a figure n'avait plus son aspect bonhomme...